La depression: connaissances et attitudes des medecins generalistes

Selon l’OMS, la dépression majeure représente actuellement un problème de santé public mondial. Ce trouble très fréquent a un impact considérable en termes de mortalité et de qualité de vie pour les patients qui en souffrent, et représente un véritable gouffre économique pour les états. Le Maroc n’échappe pas à cette tendance planétaire et ce à la lumière des donnés du bulletin épidémiologique national de 2005, qui rapportait une prévalence de la dépression majeure de 25,6 % en population générale. Bénéficiant d’une meilleure démographie, plus proche du patient et surtout moins stigmatisé que le psychiatre, le médecin généraliste apparaît comme un protagoniste potentiel d’une stratégie nationale de prise en charge de la dépression. Ceci est d’autant plus vrai que l’offre de soin psychiatriques au Maroc est loin d’être suffisante pour faire face à une telle demande de soins. Notre étude, qui a pour objectif principal l’évaluation des connaissances et des attitudes des médecins en matière de dépression, a été réalisée au niveau de 5 villes marocaines (Oujda, Fès,Taza, Sefrou, et Errachidia). Elle est basée sur un autoquestionnaire anonyme distribué à 270 médecins. Le taux de réponse est de 67,7 %. 81,8 % des médecins enquêtés sont âgés de plus de 35 ans. Le pourcentage de médecins ayant bénéficié d’un stage en psychiatrie durant leur formation est de 33 %, alors que seuls 10,8 % ont bénéficié d’une formation post-universitaire en psychiatrie. 47,7 % d’entre eux ne considèrent pas la dépression comme une maladie et 10,2 % pensent que la dépression peut être imputable a des causes mystiques. Seulement 5,7 % connaissent la triade clinique de la dépression dans son intégralité et 42,5 % attribuent un effet de dépendance aux médicaments antidépresseurs. Moins de la moitié des médecins de l’enquête se sentent confiant quant à leur aptitude à traiter la dépression (42 %) et seuls 19,3 % de l’effectifs rapportent qu’il traitent eux même leur patient dépressifs. L’analyse statistique a objectivé qu’un âge inférieur à 35 ans, le passage par un stage de psychiatrie, une formation post-universitaire en psychiatrie est corrélé de façon significative à un meilleur score de connaissance sur la dépression. De même, la confiance du médecin quant à sa capacité à traiter la dépression s’est avérée significativement liée à ce score. Il paraît donc judicieux d’agir sur ces déterminants en intervenant d’abord au niveau du cursus universitaire des futurs médecins généralistes par le biais d’une reforme de l’enseignement de la psychiatrie, et au niveau post-universitaire en mettant en place une stratégie de formation continue spécifique à leur intention de afin de les préparer à prendre en charge les patients dépressifs.

Référence2175
Année2010
TypeThèse
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Disciplines associéesFaculté de Médecine et de Pharmacie de Fès
AuteurBerhili N
DisciplineEpidémiologie
EncadrantNejjari C