TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES EN CHIRURGIE TRAUMATO-ORTHOPÉDIE : EVALUATION DES PRATIQUES COURANTES (A propos de 220 cas)

Introduction : La chirurgie traumatologique et orthopédique représente l’une des chirurgies les plus réalisées au Maroc. La prise en charge anesthésique de cette chirurgie requiert un savoir-faire spécifique vu la diversité des catégories des patients, la variabilité des gestes chirurgicaux et des techniques anesthésiques, la nécessité d’une gestion des différents risques hémorragiques, infectieux et thrombotiques avec mise en place d’une analgésie post-opératoire efficace.
Objectifs de l’étude : Notre étude, qui est une étude prospective descriptive analytique, a pour objectifs de déterminer les conditions de prise en charge des patients programmés pour une chirurgie traumatologique et orthopédique, de décrire les différentes techniques anesthésiques utilisées, leurs avantages et inconvénients, les incidents et complications survenues en per et post-opératoire précoce et de déterminer les facteurs pronostics liés à cette anesthésie.
Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude prospective descriptive et analytique, menée au bloc opératoire A2 du CHU Hassan II de Fès, et incluant tous les patients ayant bénéficié d’une chirurgie traumatologique et orthopédique sur une période de six mois (du début d’Avril 2014 à la fin de Novembre 2015). Les patients opérés sous anesthésie locale et/ou sédation ont été exclus de l’étude.
Résultats : Au total, 220 patients d’âge moyen 46,78 + 19,2 ans (extrêmes : 17 – 100 ans) ont été inclus dans l’étude. Les patients d’âge > 65 ans représentaient 15% de l’effectif total. Le sex-ratio (H/F) était de 1,34. 33,6% de nos patients étaient porteurs d’une ou de plusieurs comorbidités. L’hypertension artérielle (8%), le diabète (7%) et les pathologies rhumatismales (5%) étaient les principales comorbidités. L’ostéosynthèse (38%) et la chirurgie prothétique (25%) étaient les gestes chirurgicaux les plus fréquents.
La classe ASA I comptait 79% des patients, tandis que 15% étaient classe ASA III. 4% de nos patients ont bénéficié d’une prémédication par l’acide tranexamique. La rachianesthésie a représenté la technique anesthésique la plus utilisée (41%), suivie par l’anesthésie générale (35%) et les blocs périphériques (24%). L’anesthésie générale était la technique anesthésique qui s’est compliquée le plus (35% des AG), tandis que 8% seulement des rachianesthésies se sont compliquées. Au cours de l’AG, 5% des patients ont présenté une intubation difficile. Parmi les complications peropératoires, l’hypotension artérielle et la tachycardie étaient les plus fréquentes au cours de l’AG et la rachianesthésie. Le bloc partiel a représenté 62% des incidents au cours du bloc périphérique. Le taux de transfusion sanguine était de 7%. L’analgésie post-opératoire était multimodale dans 100% des cas, avec titration morphinique chez 3% des patients et mise en place de cathéter d’analgésie chez 7%. On note le transfert de 2% des patients en réanimation. Au cours de notre étude analytique, on a démontré que le type et la durée de la chirurgie étaient des facteurs influençant la survenue de complications et de saignement ainsi que l’évolution du patient. La rachianesthésie était un facteur protecteur en matière de complications. L’administration d’acide tranexamique était un facteur protecteur en matière de saignement. L’AG était un facteur de risque de survenue de complications et d’une évolution défavorable du patient.
Discussion et Conclusion : La consultation pré-anesthésique est une étape primordiale dans la prise en charge anesthésique des patients en chirurgie traumatologique et orthopédique permettant d’évaluer les risques et la mise en place de stratégies diverses. Le choix de la technique anesthésique dépend essentiellement du terrain et des antécédents du patient. Cependant, l’anesthésie locorégionale a largement prouvé son bénéfice en matière de réduction des complications per et post-opératoires. Le couplage de l’échographie à la neurostimulation au cours des blocs périphériques permettra un taux de succès et une meilleure sécurité des patients bénéficiant de cette technique. Le garrot n’est plus actuellement un moyen d’hémostase, son indication doit être limitée à certaines chirurgies et sa durée d’utilisation doit être la plus courte possible. Le développement des nouvelles techniques d’épargne sanguine permettra une meilleure gestion du risque hémorragique au cours de la chirurgie traumatologique et orthopédique. Enfin, la mise en place de cathéters péri-nerveux périphériques permettra une meilleure analgésie et une réhabilitation précoce.

Référence1047
Année2015
TypeThèse
Lien document
AuteurBennis L
DisciplineRéanimation Polyvalente 1
EncadrantKhatouf M