INTOXICATIONAIGUE AU PHOSPHURE D’ALUMINIUM(PHOSTOXIN) (A propos de 47 cas)

Introduction : Le phosphure d’aluminium est un raticide utilisé en agriculture dans la protection des grains et des denrées alimentaires.
L’intoxication au Pal représente un véritable problème de santé au Maroc puisqu’il intéresse une population jeune et qu’il engendre une mortalité élevée.
But du travail : Etudier les aspects épidémiologiques, cliniques, la prise en charge, les facteurs pronostiques et la morbi-mortalité liés à ces intoxications.
Matériel et Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective s’étalant sur 4 ans, du Janvier 2009 au Décembre 2012 et incluant toutes les intoxications aigues au Pal admises aux services de réanimation polyvalente A4 et des urgences du CHU Hassan II de Fès. Ces intoxications étaient diagnostiquées sur les données de l’anamnèse.
Résultats : Durant la période d’étude, 47 patients ont été admis pour intoxication aigue au Pal, ce qui représente 23,4 % de l’ensemble des intoxications admises au cours de la même période. L’âge moyen était de 24,5 ans avec une prédominance féminine de 63,8 % et un sex-ratio H/F de 0,5. Les intoxications étaient dans un but suicidaire dans 95,7% des cas. La dose ingérée était d’un comprimé en moyenne. Le délai de prise en charge était en moyenne de 3,8h.
Le tableau clinique initial était dominé par les vomissements immédiats dans 57,4 % des cas, les douleurs abdominales dans 48,9 % des cas, l’état de choc dans 31,9% des cas et les troubles de conscience dans 21,3% des cas. Les troubles électriques ont été retrouvés dans 38,3 % des cas. L’augmentation de la troponine était observée dans 27,7 % des cas.
La prise en charge de nos malades était symptomatique vu l’absence d’antidote, elle se basait sur un remplissage vasculaire chez tous les patients. 72,3%
des patients ont bénéficié d’un lavage gastrique à base de sérum salé physiologique. 36,2 % des patients ont été intubés et ventilés et 40,4 % des patients ont été mis sous drogues vasoactives.
L’évolution était fatale chez 38,3 % des patients (18/47). Les complications hémodynamiques étaient la première cause de mortalité (42,5 %). Les facteurs pronostiques en termes de mortalité ressortis de notre étude étaient le délai de la prise en charge, les troubles de kaliémie, une troponine positive, la PAS ≤ 90 mmHg, la tachycardie, le recours à la ventilation artificielle et aux drogues vasoactives et la défaillance hémodynamique.
Conclusion : Cette étude épidémiologique souligne non seulement l’importance de la standarisation d’un nouveau protocole de prise en charge bien codifié, mais également sur l’intérêt capital de la prévention en sensibilisant le public et les autorités du danger de ce produit, et ceci dans un but d’anéantir à jamais ce fléau.