Insuffisance rénale aigue et grossesse résultats d’une enquête nationale sur la prise en charge en milieu néphrologique

Introduction : L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une complication grave en milieu obstétrical, responsable d’une lourde morbidité et mortalité materno-fœtales. L’objectif de notre étude est d’étudier les caractéristiques et les modalités de prise en charge de l’IRA liée à la grossesse dans le milieu néphrologique marocain. Matériel et méthodes : Sur initiative de la Société marocaine de néphrologie, nous avons mené une étude prospective nationale étalée sur six mois du 01 juillet 2010 au 31 décembre 2010 incluant les patientes présentant une IRA durant la période gravide ou les trois premiers mois du post-partum. Les patientes ayant une néphropathie antérieure ont été exclues de cette étude. Le recueil des données a été réalisé grâce à l’envoi électronique d’un questionnaire validé par la commission scientifique de la société marocaine de néphrologie et adressé aux médecins responsables des services de néphrologie de tous les centres hospitaliers marocains et à différents néphrologues hospitaliers. Un critère de jugement composite a été utilisé associant la mortalité maternelle, la mortalité périnatale et la non récupération de la fonction rénale. Résultats : 44 patientes ont été colligées au cours de la période de l’étude. Elles étaient âgées en moyenne de 29,6 +/- 6 ans (20 à 42 ans) et en majorité analphabètes (70,6 %). La parité moyenne était de 1,83 +/- 1,5. La majorité des IRA sont survenues dans le post-partum (59 %) et pour des grossesses non suivies dans 66 % des cas. La prééclampsie représente la principale cause d’IRA obstétricale (28 cas) devant les causes septiques (7 cas) puis le choc hémorragique (5 cas) et la stéatose hépatique aiguë gravidique (3 cas). Nous avons noté un seul cas d’IRA obstructive et un autre cas de néphropathie lupique. 24 patientes ont présenté une IRA oligo-anurique. Le recours à l’hémodialyse a été nécessaire dans 17 cas (38,6 %). L’évolution était favorable avec récupération de la fonction rénale chez 29 patientes. Nous avons noté 5 décès maternels, soit 11,4 %. L’analyse univariée a permis de retrouver deux facteurs pronostics d’évolution défavorable : l’âge supérieur à 38 ans et le sepsis. Discussion : La fréquence élevée et le pronostic materno-fœtal sévères de l’IRA obstétricale retrouvés dans notre contexte rejoignent les données retrouvées chez différents auteurs dans les pays en voie de développement. Cela s’explique en partie par le taux encore faible du suivi des grossesses, la prise en charge tardive des grossesses pathologiques et l’accouchement non médicalisé à domicile. Conclusion : L’amélioration du pronostic passe par l’amélioration de l’infrastructure sanitaire, l’instauration de la consultation prénatale obligatoire et le suivi plus attentif des grossesses à risque.

Référence1977
Année2011
TypeThèse
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AuteurKabbali N
DisciplineNéphrologie
EncadrantSqalli houssaini T