Imagerie par TDM des pancréatites aiguës non traumatiques

La pancréatite aiguë est une urgence médico-chirurgicale. Elle nécessite une
prise en charge multidisciplinaire.
Pour essayer d’éclaircir les données épidémiologiques, la prise en charge
diagnostique et thérapeutique, ainsi que le grand intérêt fournit par l’imagerie
scannographique et par ces classifications; en matière de cette affection pouvant être
mortelle ; et ceci dans les différentes étapes de diagnostic d’une pancréatite aiguë :
diagnostic positif, diagnostic étiologique, diagnostic de gravité, surveillance de
l’évolution et de la survenue de complications, ainsi que dans le traitement ; nous
avons étudié ,au service de Radiologie du CHU HASSAN II DE Fès (PR TIZNITI), de façon
rétrospective 64 cas de pancréatites aiguës non traumatiques colligés au service de
chirurgie viscérale « A » du même CHU (PR MAAZAZ) durant une période de 2 ans et 6
mois (01/01/2005=> 30/06/2007).
Nous avons noté une prédominance féminine avec 51 femmes soit 79,68 % ; les
hommes étaient 13 soit 20,32 %.
L’age de nos malades varie de 19 à 80 ans, avec un pic de fréquence entre 40 et
70 ans et un age moyen de 55 ans.
La TDM abdominale avec injection de produit de contraste a été faite chez la
totalité de nos malades (100 %).
L’indication dans la quasi-totalité des cas a été posée par la véritable suspicion
d’une pancréatite aiguë associée à une clinique non contributive et / ou à une
échographie non concluante.
Ces examens scannographiques ont été le plus souvent réalisés et interprétés
initialement par des résidents en formation en radiologie. Tous ces examens ont été
relus minutieusement par un radiologue plus confirmé dans le but de:
– Faire un bilan lésionnel plus complet;
– Détecter les causes d’erreurs dans les interprétations initiales et essayer de
préciser leur imputabilité.
En nous référant à la classification de BALTHAZAR, nous pouvons répartir les
résultats de la relecture finale des clichés TDM de nos 64 malades comme suit :
· Grade « A »: 4 malades (6, 25 %);
· Grade « B »: 7 malades (10, 93 %);
· Grade « C »: 20 malades (31, 25 %);
· Grade « D »: 12 malades (18, 75 %);
· Grade « E »: 21 malades (32, 81 %).
On a pu constaté l’existence d’une différence entre les résultats de
l’interprétation scannographique initiale et ceux de la relecture concernant certain cas
de notre série (35 %) :
=> Soit dans l’analyse du pancréas, des espaces péri_pancréatiques ainsi que
dans la stadification de la pancréatite aigue selon la classification de BALTHAZAR ;
=> Soit dans la mise en évidence d’une pathologie lithiasique de la vésicule
biliaire ou des voies biliaires ;
=> Ou bien dans la visualisation d’un épanchement intrapéritonéal et dans
l’appréciation de son abondance.
Cette divergence des interprétations de mêmes clichés scannographiques peut
être du à une différence de lecture inter-observateur et parfois même intraobservateur.
On a pu constaté l’existence de coulées de nécrose chez 33 cas (51,56 % de nos
malades). Elles ont été plus multiples qu’uniques et intéressaient par ordre de
fréquence décroissante :
=> l’espace pararénal antérieur gauche ;
=> La région péripancréatique (péricéphalique > péricaudale >
postérocéphalique) ;
=> L’arrière cavité des épiploons ;
=> L’espace pararénal antérieur droit ;
=> La gouttière pariéto-colique gauche ;
=> l’espace intra péritonéal ;
=> Le hile hépatique ;
=> Le pédicule splénique ;
=> Le rétropéritoine ; l’espace périvésiculaire ; la gouttière pariéto-colique
droite ; le mésentère ; et enfin le pilier diaphragmatique gauche.
40 malades ont été opérés (2 nécrosectomies, 40 cholécystectomies avec
abstention sur le pancréas) dont 9 en urgence ; Et 3 malades ont subi une
sphinctérotomie endoscopique pour association d’une pancréatite aiguë avec
angiocholite.
L’évolution é été favorable dans tous les cas de pancréatites aiguës
oedémateuses alors que dans les pancréatites aiguës nécrotico-hémorragiques, on note un taux de mortalité de 7, 81 % vu l’age avancé des malades et les tares
associées.
Ainsi nous recommandant :
Pour les PANH : Une surveillance scannographique très étroite avec relecture
des clichés –qui doivent être de très bonne qualité pour avoir une bonne corrélation
avec le pronostic- à plusieurs reprises en analysant de façon très délicate 3
composants : La taille du pancréas, le degré d’infiltration de la graisse péripancréatique,
et l’étendue de la nécrose avec une recherche de complications. Une
abstention chirurgicale avec surveillance en unité de soins intensifs ; la radiologie
interventionnelle et l’intervention chirurgicale ne se pose que devant l’infection et/ou
les complications aiguës. La chirurgie biliaire est secondaire.
Pour les PAO : chirurgie biliaire dans la semaine qui suit l’hospitalisation.
Pas d’antibioprophylaxie systématique.
Pour réduire la mortalité, la prise en charge des pancréatites aigues doit être
multidisciplinaire et le diagnostic de gravité doit être fiable et précoce

Référence2587
Année2008
TypeThèse
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AuteurBouyahia N
DisciplineRadiologie Centrale
EncadrantTizniti S