Facteurs de risque cliniques et socio-familiaux impliqués dans les automutilations

L’automutilation est une blessure intentionnelle que le sujet inflige à une partie de son propre corps sans intention apparente de mourir. Le comportement automutilateur est associé à de nombreux troubles psychiatriques, notamment les troubles de la personnalité et la schizophrénie. Jusqu’à ce jour, très peu d’études ont été menées sur l’échelle nationale. Ainsi, l’idée de réaliser une étude au sein de notre formation afin d’identifier le profil des patients à risque au comportement automutilateur.Notre travail de recherche est étalée sur 12 mois, du janvier au décembre 2013 ; avec un recrutement prospectif ; incluant les patients hospitalisés au service de psychiatrie du CHU Hassan II de Fès. Une étude analytique de type cas témoins a été menée pour analyser les facteurs de risque associés à l’automutilation. Les résultats de notre étude ont révélé une prévalence des automutilations au sein des patients hospitalisés de 6.91%, avec une moyenne d’âge de 27 ans. Les hommes s’automutilent plus que les femmes avec une sex-ratio de 5,6. Les deux tiers des patients avaient le diagnostic d’un trouble de la personnalité dont le type borderline a été diagnostiqué chez plus du tiers. La schizophrénie a été diagnostiquée chez 30 % des patients. 73 % de nos patients s’automutilent dans un contexte d’intolérance aux frustrations. La localisation dominante de l’automutilation est l’avant-bras avec un taux de 90%. Les types d’automutilation sont respectivement représentés par les coupures dans 93% des cas, 34% de brulures et 30% de blessures.La comparaison des automutilations dans les deux groupes de pathologies : schizophrénie / troubles de personnalité, montre que le contexte d’automutilation dominant chez les deux catégories c’est l’intolérance aux frustrations. La localisation prédominante chez les deux pathologies c’est l’avant-bras. Les deux types d’automutilation les plus fréquents sont les coupures et les blessures. Notre étude cas-témoins a démontré que l’impulsivité ; la maltraitance ; les conduites addictives et les antécédents psychiatriques familiaux sont des facteurs de risque fortement associés à l’automutilation : Les patients impulsifs ont 3 fois plus de risque de s’automutiler que ceux non impulsifs ; les patients qui ont subi une maltraitance à l’enfance ont 5 fois plus de risque de s’automutiler que ceux non maltraités ; les patients avec des conduites addictives ont 14 fois plus de risque de s’automutiler que les patients non addictifs ; et les patients ayant des antécédents psychiatriques familiaux ont 3 fois plus de risque de passer à l’acte automutilateur. Ces données sont en similitudes avec d’autres travaux internationaux. La poursuite des recherches dans ce sens sera d’un grand apport clinique en vue d’identifier le profil des patients à risque, et de mieux cerner les facteurs de risque cliniques et socio-familiaux impliqués dans les automutilations. Ceci dans l’optique d’instaurer une stratégie préventive du comportement automutilateur.

Référence1055
Année2014
TypeThèse
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AuteurAbou soukkar H
DisciplinePsychiatrie
EncadrantAalouane R