Etude comparative du cancer du sein localement avancé inflammatoire et non inflammatoire

Introduction :Le cancer du sein localement avancé (CSLA) recouvre une grande hétérogénéité tumorale. Il regroupe les CSLA non inflammatoires et le cancer du sein inflammatoire (CSI). La stratégie thérapeutique est identique. Cependant d’importantes différences sont observées en matière de réponse thérapeutique et de survie. Cette étude a pour objectif de comparer les caractères épidémiologiques, cliniques, biologiques, anatomo-pathologiques, ainsi que le pronostic des CSI versus les CSLA non inflammatoires, et de déterminer parmi ces paramètres les facteurs pronostiques de survie dans les deux groupes.
Matériels et Méthodes :Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur une série de cas de CSLA colligés au service d’oncologie médicale du CHU Hassan II de Fès durant une période de 4 ans [Janvier 2009 – Janvier 2013]. Deux groupes de patientes ont été distingués ; CSI versus CSLA non inflammatoires. Les données épidémiologiques, cliniques, pathologiques ainsi que les résultats thérapeutiques ont été comparés entre ces deux groupes par le test du Chi-2 ou le test de Fisher. La survie globale et la survie sans maladie ont été ont été calculés selon la méthode de Kaplan-Meier. L’analyse des différents facteurs pronostiques a été réalisée de façon uni puis multi-variée selon le modèle de Cox.
Résultats :CSLA représente 10,4% de l’ensemble des cancers du sein colligés au service d’oncologie médicale. Parmi les 150 cas, 28,7% sont des CSI. L’âge médian de la population étudiée est de 47 ans [24-82 ans]. L’âge jeune< 35 ans représente 8,7% sans différence statistiquement significative entre les CSLA non inflammatoires et les CSI (p= 0,52). 69% des cas de CSI sont pré-ménopausées contre 48,1% dans le groupe CSLA non inflammatoires (p=0,016). Le type histologique lobulaire est statistiquement associé au CSI (p=0,01). La taille tumorale médiane est plus grande dans CSLA non inflammatoires comparée aux CSI (9,5 cm versus 6cm ; p=0,0014). L'envahissement ganglionnaire est plus fréquent dans le CSI 49,7% versus 45,9% des CSLA non inflammatoires (p=0, 01). Un grade SBR 3 est plus fréquemment noté dans les CSI (p=0,011). Les deux groupes étaient bien équilibrés quant au statut RH, HER2, la présence d'emboles vasculaires et le taux du Ki67. Le taux de réponse histologique complète à la chimiothérapie ne diffère pas d'un groupe à l'autre, il est de 11,9% et de 13,8% dans les CSI et CSLA non inflammatoires respectivement (p=0,5). Après un suivi médian de 22 mois [2-60 mois], la médiane de SG est de 23,5 mois [5-60 mois] dans l'ensemble des CSLA avec un meilleur pronostic pour les cancers non inflammatoires comparés aux CSI (p=0,03). La SSM est de 18 mois [1-57 mois] avec une différence statistiquement significative entre les deux groupes en faveur des CSLA non inflammatoires (18 mois [4-57 mois] versus 17 mois [1-48 mois] ; p=0,025). Conclusion:Les CSLA sont de très mauvais pronostic. Les rechutes sont quasi constantes, et sont très fréquentes dans les deux premières années malgré un traitement bien suivi. La médiane de survie globale calculée pour cette série est très péjorative, elle est inférieure à 2 ans. Le CSI a un pronostic plus mauvais comparé au CSLA non inflammatoire. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence vu les éventuels biais méthodologiques liés aux études rétrospectives et notamment une classification non adéquates de CSLA (CSI versus non inflammatoire). Des études prospectives à large effectif, associant une analyse clinique et translationnelle, sont indispensables pour une meilleure caractérisation de ces tumeurs. Une sensibilisation des femmes à l'importance du diagnostic précoce est nécessaire. Toutefois, de nouvelles approches thérapeutiques sont à mettre en place pour améliorer le pronostic des patientes avec un CSI ou un CSLA non inflammatoire rapidement évolutive

Référence1063
Année2015
TypeThèse
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AuteurBerrada A
DisciplineLaboratoire
EncadrantArifi S