Profil épidémio-clinique et thérapeutique des cancers gastriques dans la région orientale (A propos de 120 cas)

Le cancer de l’estomac est un cancer agressif avec un pronostic péjoratif. Il est caractérisé par une grande disparité géographique. Le but de notre travail est de décrire les caractéristiques épidémio-cliniques et thérapeutiques de cancer gastrique dans notre contexte à travers une étude rétrospective descriptive étalée sur une période de 2 ans et 3 mois (Janvier 2011- Mars 2013), incluant tous les malades admis au Centre d’Oncologie Hassan II d’Oujda pour prise en charge d’un cancer gastrique. Au terme de notre étude, le cancer de l’estomac occupe la 2ème place par rapport aux autres cancers du tube digestif hospitalisés pendant la même période. Dans71% des cas, les patients provenaient des villes d’Oujda, Nador et Berkane. Il touche majoritairement l’homme 75 cas (62,5%) avec un moyen d’âge de 58,25+/-15.8 ans tout sexe confondu avec âges extrêmes allant de 17 ans à 92 ans, ce chiffre est en dessous des moyennes observées en Europe (70 ans). Les patients âgés de plus de 50 ans représentaient la tranche d’âge prédominante (74,17%) par rapports aux patients âgés de moins de 50 ans. 60,4% des patients consultaient dans un délai allant de 1 mois à 6 mois, 20% des patients étaient tabagiques, et 4,16% étaient alcooliques. Parmi les conditions précancéreuses retrouvées chez nos malades : 9 cas (7,5%) d’ulcère gastrique, 2 cas (1,67%) de cancer sur moignon gastrique (gastrectomie partielle), et 1 cas (0,83%) de gastrite chronique. L’infection par Hélicobacter pylori n’était mentionnée que chez 17 malades. La symptomatologie clinique est dominée par l’épigastralgie avec 96 cas (80%) et l’amaigrissement avec 50 cas (41,67%). A l’examen physique, la masse tumorale est retrouvée chez 16 malades (13,33%), et une ascite chez 13 patients (10,83%). Pour les examens complémentaires, la fibroscopie digestive haute, est le principal 14 Page 229 moyen d’affirmation, effectuée chez 119 patients (99,17%) et a montré une prédominancede la localisation antro-pylorique (46,61%) et de l’aspect ulcérobourgeonnant (35,04%). Sur le plan histologique, l’adénocarcinome est la forme histopathologique la plus fréquente retrouvée dans 103 cas (85,83%), une tumeur stromale avait été retrouvée chez 8 malades (6,67%), un lymphome malin non hodgkinien chez 9 patients (7,5%). Sur les 120 malades de notre série, 3 malades sont décédés avant le début de traitement, 58 cas (soit 48,33%) ont été opérés, alors que 59 cas (soit 49,17%) n’ont pas pu bénéficier d’un traitement chirurgical en raison de : la présence d’une contre indication opératoire chez un patient soit 0,83% (cardiopathie dilatée avec FE= 37%), un cas sortit contre avis médical (refus de chirurgie) soit 0,83%, l’abstention chirurgicale à cause de l’importante extension du cancer ou l’altération profonde de l’état général chez 57 cas soit 47,51%. La chirurgie exploratrice sans geste sur la tumeur avait été réalisée chez 8 patients (6,67%), la chirurgie curative chez 34 patients (28,33%), et la chirurgie palliative chez 16 malades (13,33%). L’intervention avait consisté en une gastrectomie subtotale 10,83% (13cas), une gastrectomie totale 11,67% (14 cas), une oesogastrectomie polaire supérieure 0,83% (1 cas) et une gastrectomie atypique 5% (6 cas). Une dérivation gastro-jéjunale avait été réalisée dans 7,5% (9 cas). Pour les traitements adjuvants, la chimiothérapie avait été indiquée chez 10 patients (8,33%) et 8 patients (6,67%) avaient bénéficié d’une radio-chimiothérapie concomitante type MacDonald. La comparaison de nos résultats à ceux de la littérature, nous a permis de conclure qu’au Maroc, le cancer de l’estomac se distingue par la survenue dans une tranche d’âge plus jeune. En plus de son exceptionnelle découverte au stade superficiel, on est frappé par la fréquence accrue des formes histologiques agressives, ajoutons à cela un retard très net dans l’affirmation du diagnostic. Beaucoup d’efforts restent à fournir par nos praticiens pour une prise en charge précoce, améliorant ainsi le pronostic très sombre du cancer gastrique dans notre contexte