Introduction : L’insuffisance rénale aigue obstructive est secondaire à une obstruction des voies excrétrices supérieures survenant de façon bilatérale ou sur un rein unique anatomique ou fonctionnel. Elle représente 8 à 14% de l’ensemble des insuffisances rénales aigues, au Maroc, elle représente 8,7% avec prédominance de l’étiologie lithiasique par rapport aux obstacles néoplasiques plus fréquents en occident. Objectifs : Décrire le profil épidémiologique, les aspects cliniques et étiologiques, ainsi que les modalités de prise en charge et l’évolution de l’insuffisance rénale aigue obstructive dans une série de 100 patients, sur une période de 04ans, au service d’urologie au CHU Hassane II de Fès. Matériels et méthodes : Sur une période de 04ans, 100 patients admis au service d’urologie présentant une défaillance brutale des fonctions du rein avec un syndrome de rétention azotée ont été inclus. Le caractère obstructif a été retenu sur la présence d’une obstruction de la voie excrétrice supérieure, qui était soit bilatérale soit unilatérale sur un rein unique anatomique ou fonctionnel. Les paramètres étudiés sont : L’âge, le sexe, les antécédents pathologiques, les motifs de consultation, les données de l’examen clinique, les résultats des examens biologiques et radiologiques, les étiologies de l’insuffisance rénale aigue obstructive, ainsi que les thérapeutiques institués et l’évolution après la prise en charge. Résultats : L’analyse de nos résultats montre que : Le sexe masculin était prédominant avec un sexe ratio de 1,6. L’âge moyen était de 56 ans. Tous nos patients avaient des antécédents médicaux ou chirurgicaux La douleur représente le symptôme le plus fréquent et le principal motif de consultation. La moyenne d’urée était de 0,76g/l, et la moyenne de créatinine était de 88,67mg/l. Le couple AUSP-Echographie était réalisé chez la totalité des malades. L’échographie a permis de poser le diagnostic positif de l’obstruction chez tous les patients en objectivant la dilatation des voies excrétrices. Les autres moyens d’imagerie : TDM et rarement l’IRM ont été indiqués essentiellement pour le diagnostic étiologique. La pathologie néoplasique constitue 47% des étiologies représentée dans essentiellement par les cancers pelviens, contre 30% pour la lithiase. La prise en charge a comporté deux volets essentiels : la correction des troubles métaboliques, et le drainage urinaire. Une épuration extra rénale a été réalisé chez 8 patients 8%, le drainage urinaire a été effectué chez tous les patients principalement par la sonde double J et la néphrostomie percutanée. Le traitement étiologique s’est imposé pour tous les cas à l’exception des néoplasies avancées pour lesquelles seul un traitement palliatif a été mise en place. Nous ne disposons dans notre série que des résultats de l’évolution à court terme de la fonction rénale. 40% des patients ont récupéré une fonction rénale normale, le taux de restitution d’une fonction rénale normale à court terme était élevé pour les obstacles lithiasiques par rapport à celui observé dans les obstructions néoplasiques. La décroissance de la cinétique de la créatinine a débuté chez certains patients dès les premières 24h suivant la prise en charge initiale, la durée de restitution d’une fonction rénale normale varie entre 10j et 1mois. Chez le reste des patients, on a noté une amélioration minime de la fonction du rein à court terme sans avoir une idée sur l’évolution ultérieure de la fonction rénale.
Conclusion : A travers ce travail, nous avons confirmé que : l’insuffisance rénale aigue obstructive est une situation fréquente et grave, qui nécessite une prise en charge médico-chirurgicale en urgence basée essentiellement sur le drainage urinaire, et que son pronostic est fortement lié à la durée et à l’étiologie de l’obstruction. Notre étude a révélé que dans notre contexte, l’étiologie principale de l’insuffisance rénale aigue obstructive n’est pas toujours la lithiase, toutefois, la pathologie néoplasique représentée par les cancers pelviens devient de plus en plus fréquente, et constitue pour notre étude l’étiologie principale de l’insuffisance rénale aigue obstructive.