L’évaluation de l’état nutritionnel chez le dialysé chronique (A propos de 65 cas)

Introduction : La dénutrition protéino-énergétique est fréquemment rencontrée chez les patients insuffisants rénaux chroniques en dialyse, étant multifactorielle et commençant bien en amont de l’entrée en dialyse. Elle est associée à une augmentation significative du risque de morbimortalité. Sa prévalence est controversée du fait de la grande variabilité des moyens utilisés pour son évaluation. Une reconnaissance précoce et une prise en charge thérapeutique sont essentielles pour améliorer le pronostic de ces patients. Objectifs : Ce travail a pour objectifs d’évaluer le profil nutritionnel des patients dialysés chroniques, de préciser la prévalence et les facteurs prédictifs de dénutrition au sein de cette population. Matériel et méthodes: Notre étude transversale a permis d’évaluer le profil nutritionnel des dialysés chroniques du CHU Hassan II de Fès et de déterminer les facteurs prédictifs de dénutrition durant la période allant du 01octobre au 31décembre 2010. Nous avons utilisé pour notre étude : un formulaire validé pour l’analyse des apports alimentaires ; la base d’évaluation subjective globale (SGA) pour évaluer leur état nutritionnel ; l’index de masse corporelle (IMC), et la mesure des plis cutanés pour déterminer les valeurs des masses grasse et maigre de chaque patient. Parmi les paramètres biochimiques utilisés sont essentiellement l’albuminémie, la préalbuminémie, la phosphorémie et les réserves alcalines.Résultats : L’âge moyen des 65 patients hémodialysés chroniques ayant accepté de participer à l’étude est de 48,43 +/-17,7 ans avec un sex-ratio de 1,12, et une durée moyenne en dialyse de 76,12+/-43 mois. Un état nutritionnel normal (classe A) est noté chez 43 patients (63,23%), une dénutrition modérée (classe B) chez 15 patients (20%) et une dénutrition sévère (classe C) chez 10 patients (14,7%). L’IMC moyen est de 23,13 +/-4,75 kg/m². 25% de nos patients avaient un IMC <25kg/m². Les valeurs moyennes de masse grasse et maigre sont respectivement de 21,63 +/- 10,83 % et 78,36 +/- 10,83%. Une albuminémie <35g/l est retrouvée chez 7 patients (10,3%). Cinq patients avaient une préalbumine <300mg/l (7,35%) et 23,5% des dialysés chroniques de notre étude étaient en acidose métabolique. La phosphorémie moyenne est de 44 +/- 14mg/l. En analyse univariée, seule l'existence d'une hépatite virale est un indicateur prédictif de dénutrition. Par contre en analyse multivariée, selon la SGA, plusieurs paramètres ont été liés significativement à la dénutrition notamment un IMC bas, des valeurs basses des masses maigre et grasse, une hypoalbuminémie, un taux bas de phosphorémie et une acidose métabolique. Conclusion : La valeur pronostique de la dénutrition chez les patients hémodialysés chroniques incite à une reconnaissance et une prise en charge précoce de l'ensemble des perturbations nutritionnelles chez ces patients. L'évaluation et le suivi de l'état nutritionnel chez l'hémodialysé chronique nécessitent la détermination simultanée de plusieurs marqueurs pour pondérer les limites de chacun des critères pris isolément.

Référence1830
Année2011
TypeThèse
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AuteurEs-sebbani M
DisciplineNéphrologie
EncadrantSqalli houssaini T