Les sténoses caustiques de l’œsophage chez l’enfant (A propos de 10 cas)

L’ingestion d’un produit caustique est un accident fréquent et grave, La sténose caustique de l’œsophage, qui en résulte, constitue la complication la plus redoutable, et pose des problèmes de prise en charge qui varient du traitement conservateur au remplacement œsophagien. Le but de ce travail est de rapporter l’expérience de l’unité de gastroentérologie pédiatrique du CHU Hassan II de Fès concernant la prise en charge des enfants ayant une sténose caustique de l’œsophage et comparer les résultats de notre série aux données publiées dans la littérature. Ce travail rétrospectif a porté sur 10 enfants recrutés pendant 10 ans (du 2002 à 2012). L’âge moyen était de 3,4 ans avec une prédominance masculine (le sex-ratio de1,5). Le produit caustique était une base dans 50% des cas dont la soude est la plus fréquente et un acide dans 50% des cas représenté par l’esprit de sel. La dysphagie était constamment retrouvée chez tous les patients, elle était aux solides dans 40% des cas et totale dans 60% des cas avec un amaigrissement chez 8 cas (80%). Tous les patients ont bénéficié d’une endoscopie et d’un transit œsogastroduodénal (TOGD) qui ont montré une sténose régulière dans tous les cas et franchissable dans 60% des cas. La prise en charge initiale a consisté en l’administration d’IPP injectable, antibiotique, antalgique injectable. La corticothérapie a été administrée initialement chez 4 patients sous forme injectable pendant 5 jours puis relais par voie orale pendant 2 à 3 semaines. Quatre vingt et une séances de dilatations ont été réalisées chez nos malades avec le dilatateur de Savary-Gilliard avec un maximum de 3 bougies de calibre croissant par séance. Chaque patient a subi en moyenne 10,1 séances de dilatation avec des extrêmes de 4 à 21 séances. Un succès a été obtenu dans 20% des cas, une oesophagoplastie a été indiquée chez 3 malades dont 2 cas à cause de l’échec de la dilatation et un cas pour contre indication à la dilatation ; 40% de nos malades sont en cours de dilatation et un seul cas (10%) est programmé pour une première séance. Une perforation œsophagienne a été enregistrée avec une incidence de perforation à 1,2%. Le rythme des dilatations était variable d’un malade à l’autre en fonction de la sévérité de la sténose et le degré de la gêne fonctionnelle. La durée de la prise en charge par dilatation était en moyenne 16,1 mois. Nos malades étaient laissés sous IPP à longue durée pour le RGO associé. En conclusion la dilatation instrumentale est une méthode thérapeutique efficace dans les sténoses caustiques œsophagiennes. Ses complications sont exceptionnelles quand les règles du geste sont respectées, la chirurgie sera réservée aux échecs de la dilatation. Le meilleur traitement reste cependant préventif : c’est la mise hors de portée de l’enfant des produits dangereux.