Introduction : les intoxications aiguës constituent un motif fréquent d’admission aux urgences et au service de réanimation. Elles représentent un véritable problème de la santé publique, du fait qu’elles touchent souvent une population jeune.
But du travail : Etudier les aspects épidémiologiques, cliniques, la prise en charge, les facteurs pronostiques et la morbi-mortalité liés aux intoxications aiguës.
Matériel et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective s’étalant sur 4 ans, du Janvier 2009 au Décembre 2012 et incluant les intoxications aiguës admises aux urgences et au service de réanimation du CHU HASSAN II de FES. Ces intoxications étaient diagnostiquées sur les données de l’anamnèse, de l’examen clinique et de la biologie.
Résultats : Durant la période d’étude, 201 patients ont été admis pour intoxication aiguë. L’âge moyen était de 26,26 ans avec une prédominance féminine de 74,1% et un sex-ratio H/F = 0,34.
Les intoxications étaient dans un but suicidaire dans 85% des cas. Les toxiques les plus incriminés étaient: les organophosphorés dans 33,9% des intoxications, le phosphure d’aluminium dans 23,38%, suivi par les médicaments dans 22,38% des cas, l’alphachloralose dans 7,9%, le monoxyde de carbone et l’ingestion de produits caustiques dans 5,5% des cas et la paraphénylène diamine dans 1,5% des cas.
Le tableau clinique des patients était dominé par des signes digestifs (vomissements et douleurs abdominales) dans 58,2% des cas, les troubles de conscience dans 30,8% des cas, des signes cardio-vasculaire (tachycardie et hypotension) dans 32,8% des cas, une polypnée dans 19,4% des cas. Les troubles électriques ont été retrouvés dans 10,4% des cas. L’augmentation de la troponine était observée dans 12,7% des cas.
La prise en charge de nos malades était symptomatique dans la majorité des cas: 16,6% des patients ont été intubés et ventilés. Le lavage gastrique a été réalisé chez 72,63 % des patients.
Le taux de mortalité était de 10,9% (22 patients), dont le phostoxin est responsable de 18 décès, soit 81,8% de l’ensemble des décédés. Ainsi, le taux de mortalité en dehors du phostoxin est de 2,18%.
Les facteurs pronostiques en termes de mortalité étaient : l’intoxication au phostoxin, signes cardio-vasculaires, troubles électrocardiographiques, troponine élevée, myocardite, instabilité hémodynamique et le recours aux drogues vasoactives, la défaillance respiratoire et l’intubation ventilation artificielle.
Conclusion : Cette étude épidémiologique permet de mettre en évidence la fréquence et la gravité des intoxications aigues. La sensibilisation de la population, et la réglementation de la vente des produits incriminés, restent, seuls garant d’une meilleure prévention de ce problème grave et coûteux.