Les algies cranio-faciales (Etude prospective à propos de 240 cas)

Les algies crânio-faciales constituent un ensemble de douleurs d’une grande diversité et d’une grande complexité. Ils ont un retentissement important sur la vie des sujets atteints, tant sur le plan de leur qualité de vie, de l’impact sur leur activité professionnelle ou leur vie sociale que sur le plan économique. La variété des signes cliniques fait que les patients consultent souvent différents spécialistes (Otorhinolaryngologiste, Ophtalmologue, Neurologue, Dentiste…) avant qu’on puisse trouver une cause précise. Et il est bien souvent difficile de faire la part entre une cause organique et une cause psychique ou psychosomatique. L’objectif de notre travail est de décrire les caractéristiques des différentes formes cliniques d’algies crânio-faciales, ainsi nous verrons pour chacune d’entres elles, l’épidémiologie, l’aspect clinique, les critères IHS(2004), les données thérapeutiques et évolutives des patients de notre série. Méthodes : Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive de type prospectif étalée sur un an, de Janvier 2009 à Décembre 2009, portant sur les patients reçus à la consultation d’ORL et de neurologie du CHU Hassan II de Fès, pour algies crâniofaciales. Résultats : Notre population est constituée de 240, répartis en 167 femmes et 73 hommes, avec un sex-ratio (femme/homme) égal à 2,3. La majorité de nos malades sont âgés de plus de 40 ans. Les algies crânio-faciales sont dans la majorité des cas diffuses (33%), en casque (40%), survenant par crises dans 37% des cas, d’intensité modérée à sévère (49%-48%), elles durent quelques jours dans 57% des cas. Les principaux diagnostics d’algies crânio-faciales retrouvés dans notre série sont : – Migraine dans 32% des cas (77/240) : • Migraine sans aura dans 77% des cas (59/77). • Migraine avec aura dans 23% des cas (18/77). – Céphalée de tension dans 17% des cas (41/240). – Algie vasculaire de la face dans 3% des cas (6/240). – Névralgies faciales dans 7% des cas (16/240) : • Névralgie essentielle de trijumeau dans 88% (14/16). • Névralgie symptomatique de trijumeau dans 12% (2/16). – Pour les migraineux, nous avons utilisé dans le traitement de la crise les antalgiques dans 41% des cas, les AINS dans 30% des cas, les triptans dans 7% des cas, les tartrates d’ergotamine dans 26% des cas. Et pour le traitement de fond, on a utilisé des βbloqueurs dans 22% des cas, et des antidépresseurs dans 24% des cas. L’évolution est bonne dans 53 % des cas (41/77), avec un état stationnaire (une crise chaque menstruation) dans 7 % des cas (5/77), et 31 patients ne se sont pas rendus à la consultation médicale de contrôle, ce qui représente 40 % des patients (31/77). – Les patients souffrant de céphalées de tension sont traités par un traitement symptomatique (antalgiques dans 41% des cas, AINS dans 3% des cas, tartrates d’ergotamine dans 9% des cas. Le traitement de fond à base d’antidépresseurs est prescrit dans 91% des cas. L’évolution est bonne dans 59% des cas (24/41), discrète dans 12% des cas (5/41), avec une non amélioration dans 7% des cas (3/41), et pas de suivi dans 22% des cas (9/41). – Dans le pool des patients qui souffrent d’algies vasculaires de la face, les traitements prescrits sont les antalgiques chez tous les cas, les antidépresseurs dans 50% des cas, par des séances d’oxygénothérapie dans 50% des cas. L’évolution bonne et nette dans 33.3% des cas (2/6), modérée dans 33.3% des cas (2/6), avec deux patients qui ne sont pas rendus à la consultation médicale de contrôle. – Les patients souffrant de névralgie essentielle du trijumeau sont traités par des AINS dans 10% des cas, et par des neuroleptiques dans 90% des cas. L’évolution est bonne dans 57% des cas, légère dans 21% des cas, et pas de suivi dans 21% des cas. – L’évolution des patients qui souffraient de névralgie symptomatique du trijumeau a été marquée par une nette amélioration après incision chez le patient présentant l’abcès de la cloison nasale et par un décès chez le patient qui souffrait d’un processus de l’angle ponto-cérébelleux. Conclusion : • Les algies crânio-faciales sont un symptôme fréquent en médecine courante. La variété des signes cliniques fait que les patients consultent souvent différents spécialistes. • Et il est bien souvent difficile de faire la part entre une cause organique et une cause psychique ou psychosomatique. • La prise en charge thérapeutique des algies crânio-faciales est très polymorphe.

Référence1915
Année2011
TypeThèse
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AuteurBerkane M
DisciplineOto-rhino-laryngologie
EncadrantOudidi A