L’épilepsie dans le contexte socioculturel marocain étude épidémiologique à la ville d’Oujda

L’épilepsie est une maladie chronique, récidivante, définie par la répétition de
crises spontanées paroxystiques d’origine cérébrale chez un même sujet. Ces crises
sont la traduction clinique d’une décharge hyper synchrone, excessive d’une
population de neurones hyperexcitables plus ou moins étendue, quels que soient les
symptômes cliniques et para cliniques éventuellement associés.
Elle est la plus courante des affections neurologiques graves, et l’une des maladies non
transmissibles les plus répandues dans le monde.
Au Maroc, près de 374.000 personnes seraient épileptiques d’après une étude faite à
Casablanca. Sa prévalence est de (1,1%).
De nos jours, l’épilepsie se heurte encore, aux croyances populaires, et les
représentations socioculturelles constitueraient, au Maroc et dans d’autres pays en
développement, un frein à la prise en charge efficace de cette maladie.
Cette étude avait pour objectif de faire une approche de ces représentations à la
province d’Oujda. 110 épileptiques porteurs d’une épilepsie tonicoclonique
généralisée, des deux sexes, âgés de plus de 16 ans, ont été interrogés à l’aide d’un
questionnaire de 35 items, sur leurs croyances populaires, connaissances et attitudes par rapport à l’épilepsie. Ces patients ont été recrutés aléatoirement à l’hôpital
neuropsychiatrique Errazi, CHP Al Farabi, et des cabinets privés de neurologie.
Notre travail nous a permis de constater que l’épilepsie est nommée différemment,
plus de 7 dénominations ont été répertoriées. La croyance en une origine surnaturelle
de la maladie est retrouvée chez (68,1%) des sujets interrogés. la croyance en la
contagiosité de l’épilepsie est quasi inexistante, (40%) des sujets pensent que
l’épilepsie est chronique.
Plus d’un 1/3 des épileptiques interrogés (36,4%) ne distinguent pas l’épilepsie de la
maladie mentale, cette méconnaissance est influencée par le niveau d’éducation.
Le sentiment d’exclusion sociale est retrouvé chez (49%) des patients interrogés .Il en
est de même de la difficulté à trouver du travail. L’aveu du sentiment d’être considéré
comme malade mental est presque présent chez la majorité des sujets (82,7%). (44.5%)
des patients sont inactifs. (51.4%) des analphabètes.
Le recours au traitement traditionnel est retrouvé chez plus de (66,4%). (75,5%) des
patients ont rendu visite à un saint (marabout). Le sentiment d’incurabilité de
l’épilepsie est présent chez (7,3%), alors que (58,2%) des patients en doutent ou ne se
prononcent pas.
Ces résultats soulignent plus que tout, l’urgence d’une information suffisante des
patients sur la réalité de leur affection et d’améliorer la compréhension par l’entourage
du patient et le public de l’épilepsie : maladie neurologique universelle, non
transmissible et curable. Et plaide pour une prise en compte mesurée des
représentations socioculturelles dans la lutte contre l’épilepsie