Le psoriasis de l’enfant (à propos de 80 cas avec revue de la littérature)

Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse d’évolution chronique dont la prévalence globale est estimée à 1 – 3 %, avec des variations significatives entre différentes régions et ethnies. Les enfants représenteraient un tiers des patients, dont une proportion non négligeable atteinte d’une forme familiale. Il n’existe pas de données spécifiques au Maroc. De septembre 2002 à Avril 2009, nous avons recensé 80 cas d’enfants psoriasiques suivis au service de dermatologie du CHU Hassan II de Fès. L’âge moyen de nos patients est de 8,6 ans et près de la moitié d’entre eux ont entre 7 et 10 ans. Il y a autant de garçons que de filles. Les symptômes sont apparus 14 mois en moyenne avant la consultation. Ces données concordent dans leur ensemble avec celles de la littérature. Le diagnostic du psoriasis est très souvent clinique, reconnaissable par la présence de plaques érythémato-squameuses siégeant préférentiellement aux coudes, genoux et lombes. Les formes cliniques classiquement décrites chez l’adulte s’observent également chez l’enfant, avec aussi des formes propres à ce dernier : le psoriasis en gouttes et le psoriasis des langes notamment. Ces formes ont concerné 18 malades (22,5 %). L’atteinte du cuir chevelu était prédominante, retrouvée chez 50 patients (62,5 %). Seuls 6 enfants ont nécessité le recours à la biopsie cutanée, qui a confirmé le diagnostic chez 4 d’entre eux. Le psoriasis est une maladie habituellement bénigne, mais certaines formes sont sévères voire graves, comme ca a été le cas de 2 de nos patientes souffrant d’une forme avec érythrodermie, venant compliquer pour l’une d’entre elles un psoriasis pustuleux. Par contre, aucun de nos patients n’a souffert d’un rhumatisme psoriasique. La quasi-totalité des patients (79) était traitée par voie locale, principalement par des dermocorticoïdes (90%) et/ou des émollients (88%). Seul un cas de psoriasis grave a été traité par méthotrexate. Les progrès réalisés dans la compréhension desmécanismes physiopathologiques mis en jeu ont permis un élargissement des moyens thérapeutiques. Ainsi, de nouvelles molécules à usage systémique ont été découvertes, destinées aux formes graves ou sévères rebelles aux traitements conventionnels. En l’absence d’études à large échelle, leur prescription chez l’enfant se discute au cas par cas. L’évolution était satisfaisante chez 86,6% des patients suivis, 29 malades étant perdus de vus.