Le paludisme d’importation dans les armées à propos de cas ayant séjourné en EX-ZAÏRE et en Côte d’Ivoire

Le paludisme est une érythrocytopathie fébrile et hémolysante due à la présence, au développement et à la multiplication dans les hématies d’un protozoaire du genre Plasmodium, transmis à l’homme par la piqûre d’un insecte, l’anophèle femelle. Il constitue une menace pour les voyageurs en général et les militaires en particulier issus de pays non endémiques et se rendant dans les régions tropicales. Nous avons essayé à travers une série de 55 cas de paludisme importé de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la Côte d’Ivoire (CI) chez des militaires marocains ayant séjourné dans ces pays d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et préventives de cette affection. L’âge moyen des cas était de 33,2 ans, tous de sexe masculin. 33 cas ont séjourné en CI et 22 en RDC. Nous avons noté un seul cas de paludisme en 2011, vingt-sept cas en 2012, douze en 2013 et 15 pendant les 11 premiers mois de 2014. Le délai moyen entre le retour de la zone d’endémie et l’apparition des symptômes était de 145 jours. La fièvre était présente chez tous les cas et les troubles neurologiques chez un seul cas. Plasmodium falcipaum a été retrouvé chez 49,1% des cas (n=27) suivi de P. ovale dans 43,6% (n=24). P. malariae a été retrouvé dans 5,5% des cas (n=3). L’association P. falciparum + P. ovale a été observée une seule fois (n=1). Le taux de parasitémie moyen était de 0,8%, il variait de 0,01 à 8%. Le traitement était à base de quinine par voie IV le premier jour d’admission au service des urgences, ensuite par voie orale pendant six jours au service de médecine interne auquel les malades étaient automatiquement transférés. Pour les cas se présentant avec un accès grave le traitement par la quinine IV a été prolongé parfois pendant plus de 48 heures. Nous avons déploré un seul cas de décès dont l’infection était due à P. ovale . Les patients qui étaient en RDC utilisaient la méfloquine en chimioprophylaxie et ceux qui étaient en CI utilisaient la doxycycline jusqu’en 2013, après ils se sont convertis à la méfloquine. L’augmentation du nombre de cas de paludisme importé de la CI depuis 2012 semble être due au changement du lieu de déploiement de la moitié du bataillon marocain déployé dans ce pays. Cependant l’augmentation du nombre de cas issus de la RDC reste non expliquée, des facteurs climatiques ou des contraintes opérationnelles pourraient être à l’origine de leur plus forte exposition au risque anophélien