Introduction
Le lichen est une dermatose inflammatoire chronique survenant préférentiellement chez l’adulte d’âge moyen. Il est rare chez l’enfant. Différentes formes cliniques ont été décrites dans la littérature. Nous décrivons les caractéristiques épidémio-cliniques du lichen de l’enfant à travers une série de 10 cas
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive incluant tous les cas d’enfants atteints du lichen, ayant consulté dans notre service de dermatologie du CHU Hassan II de Fès, sur une durée de 5 ans allant du janvier 2011 à janvier 2016
Résultats
Sur une durée de 5 ans, 10 cas de lichen ont été colligés. Tous les cas étaient de phototype foncé (III à IV). Il y avait 9 filles et un garçon. L’âge moyen était de 12 ans (extrêmes de 6 à 15 ans). La durée moyenne d’évolution des lésions était de 13,9 mois. Un cas similaire dans la famille était noté chez une patiente. Les formes cliniques étaient : le lichen scléroatrophique (LSA) dans 8 cas, dont 5 dans une localisation génitale pure, 2 cas avaient une atteinte cutanée associée et une seule patiente avait une atteinte cutanée pure. Trois fillettes étaient au stade de modifications anatomiques vulvaires. Un lichen plan était noté dans 2 cas, dont un était généralisé. Aucune atteinte de la muqueuse buccale ni phanérienne n’a été notée. Seuls 3 enfants ont bénéficié d’une étude histologique (1 cas de LSA cutané pur et 2 cas du lichen plan) confirmant notre diagnostic clinique. Une patiente avait une pelade associée. Un traitement antérieur était instauré chez 5 cas : 3 cas ont été traités comme une candidose récidivante, un cas était traité comme une oxyurose et une patiente était mise sous traitement hormonal et adhésiolyse pour des synéchies vulvaires. Le traitement était basé sur des dermocorticoïdes de classe forte à très forte associé au tacrolimus topique. L’évolution était bonne avec un recul de 14 mois
Discussion
Notre série confirme la rareté du lichen chez l’enfant en particulier le lichen plan. La forme clinique la plus rapportée dans la littérature était le LSA vulvaire de la jeune fille comme c’était le cas dans notre série avec une prédomine féminine. La localisation extra-génitale pure de cette entité est rare, nécessitant une preuve histologique afin d’éliminer certains diagnostics différentiels. Le LSA vulvaire chez la petite fille est encore méconnu chez les pédiatres et les gynécologues comme l’illustre la majorité de nos patientes qui ont été pris pour des infections mycosiques ou parasitaires. La prise en charge précoce et adéquate de cette entité est nécessaire afin d’éviter des séquelles qui peuvent mettre en jeu le pronostic fonctionnel et psychique
Conclusion
La rareté du lichen et notamment le LSA vulvaire ne justifie pas sa méconnaissance par les autres cliniciens hormis le dermatologue, qui a un rôle primordial dans son dépistage et sa prise en charge