La tumeur de Buschke–Lowenstein est une entité clinique rare se développant préférentiellement au niveau de la région génitale ou périanale. Il s’agit d’une prolifération pseudoépithéliomateuse dont la classification nosologique est difficile entre lésion bénigne et lésion à potentiel de malignité ou lésion carcinomateuse.
C’est une maladie sexuellement transmissible d’origine virale due à l’infection par l’humain papillomavirus. Notre travail consiste en une étude rétrospective comportant 5 observations de tumeur de Buschke-Lowenstein, colligées au service d’urologie du CHU Hassan II de FES sur une période de dix ans (de 2002 à 2012), particulières par leur localisation génitale et par l’association à un mélanome malin dans un cas et une maladie de Bowen dans un autre cas. Il s’agit de 5 hommes dont l’âge moyen est de 51 ans, ayant des comportements sexuels à risques présentant des tumeurs de Buschke–Lowenstein confirmées par biopsies et traitées par résection chirurgicale complète. L’évolution était favorable et le suivi n’avait pas noté de signes de récidives avec un recul moyen de 32 mois. La classification des tumeurs de Buschke-Lowenstein est toujours débattue. Certains auteurs considèrent ce type de tumeurs comme étant des condylomes géants bénins, vu l’absence du potentiel métastatique et l’association à l’HPV 6 et 11. D’autres auteurs les considèrent comme des tumeurs dites “border line” vu le pouvoir extensif local et le risque d’évolution vers un carcinome invasif.
Le traitement de la tumeur de Buschke-Lowenstein est avant tout chirurgical, consistant en l’exérèse large du fait du haut potentiel récidivant de ces tumeurs. Des traitements néoadjuvants à type de chimiothérapie ou immunothérapie, dont le but est de limiter le caractère délabrant de la chirurgie, étaient proposés et mériteraientd’être mieux évalués. Le risque de récurrences et la transformation potentielle en carcinome spinocellulaire imposent un suivi régulier et étroit de ces patients.
Les tumeurs de Buschke-Lowenstein entrent dans le cadre général des maladies sexuellement transmissibles, dont la prise en charge passe par les mesures préventives de ce type d’infection