Le tabagisme, véritable problème de santé publique est au centre de l’actualité médicale. Il représente l’une des causes de morbidité et de mortalité accessibles à la prévention. A l’heure actuelle où les jeunes de moins de 18 ans passent pour être une population particulièrement consommatrice du tabac et adepte des comportements d’excès, il nous a paru pertinent de s’intéresser plus spécifiquement aux écoliers qui illustrent une population potentiellement à risque. Notre étude a pour objectif d’évaluer, à travers un auto-questionnaire écrit, les connaissances, les attitudes et les comportements des écoliers vis-à-vis du tabagisme dans la ville de Fès. Il s’agit d’une enquête de type transversal à visée descriptive et analytique qui a été réalisée auprès des élèves du secteur public et privé de la ville de Fès, et elle a concerné les trois niveaux scolaires (primaire, collège et lycée). 587 élèves (soit 97,9%) âgés de 8 à 18 ans, ont répondu de manière anonyme au questionnaire. L’analyse statistique réalisée met en évidence des résultats spécifiques à notre population, qui varient en fonction de plusieurs paramètres. La prévalence des élèves qui ont déjà essayé de fumer (même une ou deux bouffées) est de 15,8%, alors que 8,5% sont des fumeurs actuels, 9,7% utilisent des produits du tabac autres que les cigarettes (chica, snif, cigare, …) et 7,3% utilisent des produits du tabac sans fumée. La plupart des écoliers s’initient précocement au tabagisme ; 30% ont commencé à fumer avant l’âge de 10 ans, alors que plus de 2,8% des élèves non fumeurs sont susceptibles de devenir fumeurs sans avoir une différence significative entre le sexe masculin et celui féminin.Il faut signaler que 76% des fumeurs actuels désirent arrêter de fumer et que 26% ont tenté d’arrêter de fumer sans succès l’année passée, ce qui nous incite à intervenir pour contrôler le tabagisme en organisant des séances d’aide au sevrage tabagique au profit des élèves dans les écoles, et des consultations antitabac au niveau des structures sanitaires. Notre étude souligne aussi l’afflux massif des vendeurs ambulants de cigarettes, il s’avère que 56% des fumeurs actuels achètent les cigarettes d’un vendeur ambulant ou d’une épicerie, et 60% chez qui, on n’a jamais refusé de leurvendre des cigarettes malgré leur jeune âge ; chose qui nous force de demander l’opérationnalisation de la loi concernant la restriction de vente du tabac aux mineurs. Une attention doit être porte à l’accès du jeune au tabac, le coût de la cigarette en est un élément essentiel (paramètre non testé dans notre étude), et si on tient compte du marché illicite (marché noir), prédominant pour le détail, ce prix chute encore rendant la cigarette très accessible dans notre pays. Ainsi Cette enquête nous a permis de constater que l’exposition à la fumée du tabac varie en fonction du lieu, le quart des élèves (25,2%) déclarent être exposés au tabagisme passif durant les sept jours précédant l’enquête dans leur domicile et plus de la moitié (50,4%) dans les lieux publics où la loi d’interdiction de fumer n’est suivie d’aucune mesure de contrôle, par ailleurs 77,3% sont pour cette loi. Malgré l’absence de cours sur le tabagisme dans les programmes de formation de la plupart des niveaux scolaires, l’étude a relevé que plus de 6 élèves sur 10 (66,3%) étaient renseignés sur les dangers du tabac à l’école durant cette année. Pratiquement les mêmes taux sont retrouvés concernant les effets du tabagisme ; 58,6% des élèves reconnaissent que la cigarette et sa « fumée » représentent des dangers pour la santé. D’ailleurs le 2ème motif prédominant évoqué par les élèvesex-fumeurs pour arrêter de fumer dans notre étude est la préservation d’un bon état de santé (précédé par le refus de tabagisme par la famille : 23,3% v.s 30,2%). 50,1% des élèves enquêtés ont discuté en classe les raisons pour lesquelles les jeunes de leur âge commencent à fumer. Ces chiffres restent minimes vu l’ampleur du problème et les conséquences désastreuses, sachant bien que le milieu scolaire offre une excellente opportunité pour inclure des programmes d’éducation de lutte et de prévention contre le tabagisme. Concernant le rôle des médias et de la publicité, 34,7% des élèves déclarent avoir vu des messages en faveur du tabac sur les presses ou les magazines et 52,3% ont observé des noms des différents types de cigarettes à la télévision lors d’un événement sportif ou autre programme. Durant les 30 jours précédant l’enquête, 87,3% des élèves ont remarqué des messages contre le tabac à travers plusieurs types de médias. De ce fait, il faut minimiser l’impact des médias et de la publicité en faveur du tabac chez les jeunes et augmenter en parallèle la fréquence des messages et de spots anti-tabac. Nous avons établi des recommandations à la lumière des données objectives, qui peuvent servir de base pour toute stratégie de lutte antitabac visant les écoliers dans notre pays