Cholécystite aigue et grossesse (à propos de 5 cas)

Introduction La cholécystite aigue au cours de la grossesse est une affection non exceptionnelle. Notre objectif est de faire une mise au point sur les difficultés de la prise en charge diagnostique et thérapeutique. Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective de cinq cas de cholécystites aigues au cours de la grossesse colligés dans le service de chirurgie viscérale 2 à l’Hôpital Militaire d’instruction Mohamed V, durant une période allant de 2002-2009. Cette étude s’est basée sur une consultation des archives du service ainsi qu’une recherche bibliographique électronique. Discussion La fréquence de la cholécystite aigue au cours de la grossesse est rare, elle est de 1à 8 pour 10.000 grossesses. Elle est le plus souvent lithiasique, la grossesse favorise la formation de calculs biliaires par augmentation de la concentration sérique et biliaire du cholestérol, associé à la stase vésiculaire secondaire à l’atonie de la voie biliaire en rapport avec les taux croissants de stéroïdes fœto-placentaires. Le tableau clinique est similaire qu’en dehors de la grossesse, il est dominé par la douleur de l’hypochondre droit comparable à celle de la colique hépatique, les nausées et les vomissements qui sont habituels chez la femme enceinte. Les signes physiques notamment la fièvre, le signe de Murphy et la douleur provoquée de l’hypochondre droit évoquent fortement le diagnostic de la cholécystite aigue.La biologie montrant une hyperleucocytose est difficile à interpréter du fait de la leucocytose modérée au cours de la grossesse. Un bilan hépatique perturbé soupçonne la présence d’une lithiase du cholédoque. L’échographie hépato-biliaire fait le diagnostic en montrant une VB lithiasique à paroi épaissie avec douleur au passage de la sonde. La prescription d’autres examens radiologiques est nécessaire en cas de doute diagnostique ou de cholécystite compliquée mais elle doit obéir aux règles de radioprotection. Le traitement est avant tout médical, cependant, l’utilisation d’antibiotiques et d’antalgiques doit être prudente et tient compte la sécurité d’embryon ou du fœtus. L’usage d’agents tocolytiques doit être adapté au cas par cas, ses indications ne sont pas consensuelles et leur efficacité en mesure prophylactique n’est pas démontrée. Le choix entre le traitement médical seul et la chirurgie reste nuancé et nécessite plus d’études pour être établi. Pourtant, en cas d’échec de celui-ci ou de cholécystite compliquée, l’indication de la chirurgie s’impose. Aucun agent anesthésique n’a révélé d’effets tératogènes à ce jour. Les études concluent à l’innocuité maternelle et fœtale de la cœlio-chirurgie pendant la grossesse. En cas d’échec, la chirurgie classique est de mise, le traitement obstétrical dépend de l’âge gestationnel. Le pronostic materno-fœtal est lié surtout à la gravité de la cholécystite aigue. Il a été nettement amélioré grâce aux progrès réalisés (réanimation, techniques chirurgicales, obstétrique). Conclusion Mal gérée, la cholécystite aigue peut être grave au cours de la grossesse car source de retard de prise en charge thérapeutique.