La chirurgie de l’aorte abdominale est l’une des plus courantes et des mieux réglées parmi l’éventail de la chirurgie vasculaire. Ses indications principales sont les pathologies anévrismales et occlusives aorto-iliaques. La chirurgie conventionnelle à « ciel ouvert » avec mise en place d’une prothèse pour pontage a été pendant très longtemps considéré comme le « gold standard » dans le traitement des pathologies anévrismales et occlusives aorto-iliaques bien que nous voyons actuellement un grand essor des techniques endo-vasculaires et laparoscopiques portant sur l’aorte abdominale A travers cette étude rétrospective nous rapportons l’expérience du service de chirurgie vasculaire du CHU Hassan II ?Fès entre les années 2010 et 2014. Cette étude a comme objectif de :Analyser les données épidémiologiques, cliniques et para cliniques des malades opérés Evaluer l’importance de la prise en charge péri-opératoire Evaluer les techniques chirurgicales utilisées Analyser les résultats immédiats et l’évolution post-opératoire précoce Etudier la morbi-mortalité associé
MATERIEL ET METHODES : Il s’agit d’une étude rétrospective sur une période de 4ans, allant d’Avril 2010 jusqu’à Avril 2014, portant sur tous les patients ayant bénéficié d’une chirurgie réglée de l’aorte abdominale pour une pathologie anévrismale ou occlusive au Service de Chirurgie Vasculaire du CHU Hassan II de Fès
RESULTATS:33 patients ont été inclus dans notre étude, dont 22 (soit 67%) opérés pour une pathologie occlusive et 11 (soit 33%) pour une pathologie anévrismale. L’âge moyen de nos patients était estimé à 57,8 ans avec des extrêmes allant de 38 ans à 80 ans. 91% de nos malades étaient de sexe masculin, soit un sexe-ration de 10H/1F. Le tabagisme chronique a été retrouvé chez 30 malades, soit 91%. Les autres facteurs de risques cardio-vasculaires sont représentés par: le diabète chez 12 malades (36%), l’HTA chez 8 (24%) malades, et la dyslipidémie chez 7 malades (22%). Onze patients (33,3%) présentaient des multiples facteurs de risque modifiables. Une cardiopathie a été retrouvée chez 8 malades. Un antécédent d’amputation a été retrouvé chez 5 malades (15%) et un geste de revascularisation chez 3 patients (9%). Trente-deux de nos malades ont bénéficié d’un angioscanner de l’aorte et des vaisseaux des membres inférieurs ; et 1 patient a bénéficié d’un angio-IRM. L’échocardiographie trans-thoracique et l’écho-doppler artériel des troncs supra-aortiques (ETSA) aussi bien que les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) ont été réalisés chez tous nos malades en préopératoire. Le délai moyen entre l’hospitalisation et l’acte chirurgical était estimé à 11 jours avec des extrêmes allant de 2 jours à 23 jours. Des divers types de pontage prothétique ont été réalisés chez 32 malades (97%). 1 patient (3%) a bénéficié d’une mise à plat d’un AAA sacciforme avec fermeture de l’orifice d’alimentation sans pontage. Le pontage aorto bifémoral était prédominant, réalisé chez 13 malades (39%). Les prothèses en Dacron* ont été utilisées chez 23 malades (69,7%). Tous nos malades ont été opérés par voie transpéritonéale classique. Le clampage aortique était sous rénale dans 29 cas (87,9%) ayant une durée de 45 minutes en moyenne. La durée moyenne du geste était de 4h30 min, avec des extrême de 3 heures et 6 heures. La durée moyenne de séjour au service de réanimation en postopératoire était estimée à 72 heures. Des complications postopératoires précoces ont été enregistrées chez 11 malades, soit un taux de morbidité de 33%, représentées par : un saignement dans 2 cas ; des complications cardiaques chez 5 malades (15,15%) dont 4 cas de syndrome coronaire aigue (12%) et un cas d’insuffisance cardiaque aigue avec OAP (3%) ; des complications respiratoires dans 3 cas et un cas de syndrome de compartiment abdominal (3%). Les autres complications retrouvées étaient : un cas d’insuffisance rénale nécessitant le recours à l’hémodialyse, un tableau de sepsis sévère chez un malade (3%) et 1 cas de défaillance multi-viscérale d’origine indéterminée (3%). 8 malades ont présenté des complications multiples. Toutes les complications ont été bien gérées avec bonne évolution chez 8 malades. On a enregistré 3 décès en postopératoire précoce, soit un taux de mortalité de 9%. Les causes de décès étaient : un infarctus de myocarde chez un patient (3%), un choc septique sur pyocholécystite chez 1 patient (3%) et une défaillance multi viscérale d’origine indéterminée chez 1 malade (3%)
CONCLUSION Notre étude montre un taux de réussite assez satisfaisant des restaurations aorto-iliaques pour pathologie anévrismale ou occlusive au sein du service de chirurgie vasculaire périphérique du CHU Hassan II de Fès. Le taux de morbi-mortalité observé se compare favorablement aux chiffres rapportés dans la littérature mais elle nous pousse au même temps à améliorer notre niveau de soins péri-opératoires afin d’assurer une meilleure survie de nos malades