Les infections respiratoires récidivantes constituent un motif de consultation et d’hospitalisation fréquent en pédiatrie et connaissent des causes multiples qui peuvent être acquise ou constitutionnelles, locales ou générales et posent, de ce fait, un double problème qui est celui de leur diagnostique étiologique d’une part et de leur prise en charge spécifique à chaque étiologie d’autre part, ce qui impose une démarche diagnostique clinique et paraclinique bien codifiée.
Dans le but de mieux connaître les aspects épidémiologiques, cliniques, paracliniques, étiologiques, thérapeutiques et évolutifs des enfants présentant des infections respiratoires récidivantes, nous avons réalisé cette étude, descriptive et analytique, où on a analysé de façon rétrospective grâce à une fiche d’exploitation ( annexe 1) préétablie 59 dossiers d’enfants présentant des infections respiratoires à répétition, colligés au service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès sur une période de 3 ans allant de janvier 2009 à décembre 2011.
De cette série, on dégage les résultats suivants : Tous les dossiers exploités correspondaient à des cas d’infections respiratoires basses récidivantes puisque les infections respiratoires hautes ne sont pas habituellement hospitalisées.
Nous avons inclus 33 garçons et 26 filles, avec un sex-ratio H/F de 1,26. La limite d’âge de nos enfants était comprise entre 1 mois et 12 ans, l’âge moyen est de 2 ans. La majorité de nos malades sont issus d’un bas niveau socio-économique (65,5%) sans nette différence en ce qui concerne l’origine urbaine ou rurale (51% versus 49%).13 patients avaient un antécédent de vomissement chronique soit 22%, alors que les antécédents d’allergie et de contage tuberculeux étaient présents dans 7% sans aucun antécédent de tuberculose.
Les arguments anamnestiques et cliniques ont constitué une étape fondamentale de l’enquête étiologique. Les principaux signes fonctionnels sont dominés par la toux récidivante qui est retrouvée dans 90% des cas, la fièvre dans 78%, ces deux signes étaient associés dans 67% des cas, la dyspnée dans 51%,des signes de luttes respiratoires dans 30%, le retard staturo-pondéral et le syndrome de pénétration dans 20%. Des troubles digestifs à type de vomissement dans 30% et de diarrhée dans 13% étaient également notés.
Les résultats de la radiographie thoracique (réalisée chez tous les patients, pathologique dans 83%), de la TDM thoracique (réalisée chez 22 patients, pathologique dans 91%), la bronchoscopie (réalisée chez 12 patients, pathologique dans 92%), la Ph métrie (réalisée chez 6 patients, pathologique dans 67%),le TOGD (réalisée chez 7 patients, pathologique dans 71%), ont permis le diagnostic étiologique dans la majorité des cas. Biologiquement, une anémie était trouvée dans 42%, le bilan phtysiologique était positif chez 6 patients, le test de la sueur était positif chez 3 patients, le bilan immunologique était pathologique dans 3 cas alors que le bilan allergologique était normal chez tous les quatre enfants qui en ont bénéficié.
Les étiologies sont dominées par le CEB (22%) il représente l’étiologie dominante chez l’enfant âgé de 3 à 6 ans, le RGO (17%) et l’asthme (15%), sont les deux étiologies les plus fréquemment retrouvées chez le nourrisson, la DDB (13%) est la cause prédominantes chez l’enfant de plus de 6 ans. La relation entre l’âge et l’étiologie est statistiquement significative avec un p=0,014. Les autres causes sont représentées par la tuberculose pulmonaire et le déficit immunitaire (7%), la mucoviscidose (5%), un cas de poumon rachitique et d’amygdalite ont également été trouvés. Cependant, aucune étiologie n’a pu être étiquetée dans 7% des cas.
Tous les malades ont bénéficié d’un traitement symptomatique seul ou associé à un traitement curatif selon l’étiologie (extraction du CEB dans 22%, prokinétique et IPP dans 17%, corticoïdes et bronchodilatateurs dans 15%, antibacillaires dans 10%, supplémentation par du calcium et de la vitamine D dans 1 cas et amygdalectomie dans un autre cas).
L’évolution était favorable dans 76%, cependant un seul décès a été signalé chez un enfant présentant des broncho-pneumopathies à répétition et porteur d’un déficit immunitaire.
Conclusion : Les IRR sont des affections plurifactorielles, fréquentes chez l’enfant et semblent même inévitables au cours des premiers mois de la vie en rapport avec l’apprentissage immunitaire, une bonne connaissance de ces aspects est nécessaire par tout praticien pour savoir où s’arrêtent une situation physiologique et où commencent une situation pathologique pour mener une bonne démarche diagnostique à fin de trouver l’étiologie de ces IRR, une démarche qui n’est pas toujours aisée du fait de la multitude des causes qui peuvent les expliquer.