THROMBOSE ET CANCER ETUDE DE 56 CAS AU SERVICE DE MEDECINE INTERNE DU CHU HASSAN II – FES

L’association entre thrombose et cancer est une situation clinique fréquente, connue sous le nom de « syndrome de Trousseau ». La relation thrombose et cancer est en fait réciproque: le cancer prédispose à la survenue d’une thrombose et le développement du processus tumorale est lié à cet état d’hypercoagulabilité.
L’objectif de notre travail est d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques des TVP associées aux cancers; et de les comparer avec différentes séries publiées, afin d’en tirer des conclusions pouvant aider à l’amélioration de la prise en charge de nos malades.
Nous avons réalisé une étude prospective, de type descriptive et analytique, portant sur des patients pris en charge pour thrombose et cancer, menée dans le service de médecine interne, ainsi que tous les services où des avis internistes ont été sollicités, au sein du CHU Hassan II de Fès, sur une période de 3 ans allant du mois de janvier 2009 au mois de décembre 2011.
Parmi 347 patients présentant une MTEV, nous avons colligé 56 patients qui présentent une thrombose confirmée par l’imagerie et qui sont porteurs d’un cancer connu ou découvert en même temps ou après la thrombose.
Dans notre série, la prévalence de cancers en cas de MTEV est de 16,14%. La thrombose était révélatrice du cancer chez 16,07% des patients. L’incidence des
nouveaux cas cancéreux présentant une TVP est de 2,59% sur 3 ans.
Il y a une prédominance féminine (60,71 % de femmes contre 39,29 % hommes) avec un sexe ratio femme/homme de 1,54.
L’âge moyen de nos patients au moment du diagnostic est 55,89 ans avec des extrêmes d’âge allant de 16 ans à 90 ans.
Les antécédents observés sont oncologiques (83,93%), chirurgicaux (21,43%), toxiques (14,29%), cardiovasculaires (14,29%) et thromboembolique (1,79%)

Les facteurs de risque de la MTEV chez le patient cancéreux sont dominés par le sexe féminin (60,71%), la chimiothérapie (35,71%) et les métastases (28,57%).
Les membres inférieurs sont les plus touchés soit 80,36% contre 10,71% des membres supérieurs. Le côté gauche est le plus atteint soit 48,21% pour les membres inférieurs. L’atteinte bilatérale est retrouvée dans 7,14% des cas de TVP des membres inférieurs.
Le maximum des signes cliniques a été observé au niveau des membres inférieurs. Le signe clinique prédominant est l’oedème (87,5%), la diminution du ballotement (71,43%), la douleur (71,43%) et le signe de Homans (60,71%).
Les tumeurs solides sont les plus fréquentes soit 96,43% avec une prédominance des cancers du col utérin + utérus (21,43%), du sein (12,5%) et du poumon (10,71%) ; alors que les hémopathies ne représentent que 3,57% et ce sont des lymphomes. Sur le plan histologique, les adénocarcinomes sont les plus fréquents soit 50% des cas.
Les veines iliaques (40%) et les veines fémorales (40%) sont les plus touchées dans les TVP des membres inférieurs. Pour les TVP des membres supérieurs, on a trouvé que l’atteinte des veines humérales (83,33%) et des veines axillaires (83,83%) est la plus observée.
Le traitement était basé sur l’héparinothérapie (HBPM dans 73,21% des cas et HNF dans 23,21% des cas), avec un relais par les AVK dans 87,5% des cas.
L’évolution à court terme était favorable dans 94,64% des cas, marquée par la survenue de 3,57% d’EP et de 1,79% de récidive.
L’association MTEV et cancer est de plus en plus fréquente et grave par ses complications ; et ce n’est que par des mesures préventives, un diagnostic précoce et un traitement efficace en se basant sur des recommandations récentes qu’on parviendra à réduire sa fréquence et ses risques.