Les sarcomes utérins (Etude rétrospective à propos de 8 cas)

Les sarcomes utérins sont des tumeurs malignes rares, qui représentent un groupe hétérogène formé par plusieurs types histologiques.
Objectif : L‘objectif de notre travail est de préciser les caractéristiques épidémiologiques des sarcomes utérins, les difficultés diagnostiques auxquelles sont confrontés les praticiens à l‘étape clinique, radiologique et anatomopathologique, les modalités de la prise en charge ainsi que les différents déterminants du pronostic de ces tumeurs rares.
Patientes et méthodes : Huit cas de sarcomes utérins pris en charge au sein du service de gynécologie – obstétrique I au CHU Hassan II de Fès entre 2008 et 2014 ont été analysés rétrospectivement.
Résultats : L‘âge moyen de nos patientes varie entre 46 et 70 ans avec une moyenne de 54.8 ans. Des huit patientes, 87,5% sont multipares, 87,5% ménopausées et 01 patiente a un antécédent de fibrome utérin. Toutes nos patientes ont consultés à l‘occasion de la triade clinique ménométrorragies, douleur et masse pelvienne. Sur le plan para-clinique, nous avons réalisé une échographie chez toutes les patientes dont les résultats étaient en faveur d‘un sarcome utérin dans un seul cas , l‘hysteroscopie avec biopsie chez 03 patientes pour exploration des métrorragies post-ménopausiques, l‘imagerie par résonance magnétique chez 03 patientes. Le diagnostic a été posé à l‘étape préopératoire 3 fois chez 02 patientes ayant bénéficiés de l‘hysteroscopie et chez une patiente ayant bénéficié d‘une biopsie du col. Toutes nos patientes, sauf une, ont bénéficié d‘un traitement chirurgical. L‘analyse anatomopathologique des pièces opératoires a objectivé 05 léiomyosarcomes, et 03 sarcomes du stroma endométrial.Les patientes, ont été adressées à l‘HO de Fès pour complément de prise en charge, 04 patientes ont été perdues de vue. Trois patientes ont bénéficié d‘une radiothérapie adjuvante, l‘évolution a été favorable chez 02 patiente, l‘autre a présenté une récidive à distance à 2 ans du diagnostic initial ayant bénéficié d‘une chimiothérapie palliative.
Discussion :Dans notre service nous avons pris en charge 08 cas de sarcomes utérins sur 118 tumeurs utérines primitives malignes opérées durant la période d‘étude.soit 6,7%, en effet les léiomysarcomes sont le type histologique le plus fréquent (62,5%), suivi par les sarcomes du stroma endométrial 37,5%.
L‘âge moyen de nos patientes (54,5ans) ainsi que le statut ménopausique correspond aux données de la littérature, 87,5% des patientes étaient ménopausées au moment du diagnostic. Dans notre série une patiente a présenté un léiomyosarcome utérin après un antécédent de fibrome ; mais la transformation maligne des myomes fait encore l‘objet de nombreuses controverses. La triade clinique classique retrouvée chez toutes nos patientes est celle rapportée par la majorité des auteurs. L‘apport de la radiologie est pauvre. L‘Imagerie par résonance magnétique et tomographie par émission de positon sont les examens les plus performants.Le diagnostic de certitude est posé après analyse anatomopathologique des pièces opératoires. En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique, la séquence chirurgie consistant en une hystérectomie avec annexectomie bilatérale suivie dans certains cas d‘une radiothérapie postopératoire est le gold standard. La place de la chimiothérapie est encore discutée. Le développement de nouvelles thérapeutiques hormonales et géniques pourrait améliorer le pronostic sombre de ces tumeurs. Dont les facteurs pronostiques sont : Le stade FIGO au moment du diagnostic ; le grade ; la profondeur d’envahissement du myomètre ; le type histologique ; l‘âge ; l‘envahissement des espaces vasculaires et lymphatiques ; et la taille de la tumeur.
Conclusion : Les sarcomes utérins sont des tumeurs malignes de mauvais pronostic dont le diagnostic est posé essentiellement à posteriori sur la pièce opératoire. L‘anatomopathologiste est souvent confronté à plusieurs difficultés diagnostiques d‘où tout l‘intérêt des avancées de l‘immun histochimie et de la cytogénétique. En attendant de nouvelles stratégies thérapeutiques efficaces, un diagnostic précoce en préopératoire ou préopératoire s‘avère nécessaire car la survie des patientes est corrélée au stade tumoral au moment du diagnostic