Prise en charge de la diarrhée aiguë de l’enfant de moins de 5 ans. Enquête auprès des médecins et parents de la ville de Meknès

La diarrhée aiguë demeure l ‘ une des principales causes de mortalité et de morbidité chez l’enfant. Son traitement repose sur l’administration de solutions de réhydratation orale (SRO) et la réalimentation précoce, la place du traitement médicamenteux restant limitée. La présente étude vise, d’une part, à évaluer les connaissances, attitudes et pratiques des mères face à une diarrhée aigue, et d’autre part, à préciser la place des différents traitements médicamenteux prescrits dans la diarrhée aiguë par les médecins généralistes et pédiatres de la ville de Meknès et surtout de comparer leurs habitudes de prescription aux recommandations récemment mises à jour. Méthodes : Deux enquêtes transversales ont été réalisées : la première enquête a été menée auprès de 150 mères d’enfants de moins de 5 ans consultants pour divers motifs au niveau de 3 centres de santé urbains de la ville de Meknès ; ces centres ont été choisis parmi ceux dont le personnel a bénéficié d’une formation sur la PCIME. Un questionnaire a servi à recueillir les données. La deuxième enquête, menée auprès de 150 médecins, généralistes et pédiatres, de la ville de Meknès s’est basée sur un auto-questionnaire anonyme, étudiant le traitement nutritionnel, médicamenteux, et les conseils donnés aux parents. Résultats : La première enquête : L’analyse des données indique que 25% des mères sont analphabètes et 33% n’ont atteint que le niveau primaire. 56% ont au moins 1 enfant de moins de 6 mois. Un antécédent de diarrhée aigue a été retrouvé dans 82% des cas, cependant 53% seulement des mères sont conscientes de la gravité de l’affection, et le tiers disent avoir reçu des conseils détaillés du médecin traitant sur les signes de gravité à surveiller à domicile. Les SRO ont été reconnu par 87,5% des mères, néanmoins, 41% seulement savent les préparer et les utiliser correctement, 32% connaissent leur rôle exact, et seulement 22% les considère comme le traitement de base. Concernant les habitudes alimentaires, 21,5% des mères ont interrompu les produits laitiers pendant plus de 24h, néanmoins l’allaitement maternel a été maintenu dans 100% des cas. Les régimes alimentaires dits antidiarrhéiques occupent une place considérable dans les pratiques des mères et sont utilisés dans 82% des cas. La notion d’automédication n’a été retrouvée que dans13, 5% des cas. La deuxième enquête : 130 médecins (68,5%) ont participés à la deuxième enquête. 70% prescrivent systématiquement des SRO, 20% un lait “de régime” essentiellement du “lait sans lactose”. Un régime anti-diarrhéique est conseillé par 92% des médecins, dont 18,5% l’ont proposé sans les SRO. Un arrêt des produits laitiers pendant au moins 24h a été conseillé par 39% des médecins. La grande majorité des médecins prescrivent des anti-diarrhéiques (90,75%), dans 50% des cas pour leur efficacité. la prescription systématique des antibiotiques qui a été retrouvée chez 7% des médecins qui sont exclusivement des médecins généralistes. 71% des médecins expliquent aux parents comment rechercher les signes de déshydratation, et 79% leurs donnent des conseils sur les signes de gravite à surveiller à domicile. Conclusion : Au terme de cette étude, on conclu que d’énormes efforts doivent être fourni, aussi bien auprès des mères, par le renforcement des messages éclairés qui doivent tenir compte des attitudes et pratiques identifiés ; et également auprès des praticiens, pédiatres et généralistes, vu la disparité retrouvées entre les recommandations et leur pratique quotidienne.