Manifestations thrombotiques au cours du VIH (A propos de 10 cas)

La maladie thrombotique est de plus en plus rapportée au cours de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (HIV). Elle intéresse avec prédilection le territoire veineux. L’atteinte du versant artériel, bien que rare est de plus en plus rapportée. Ces accidents thrombotiques seraient multi-factoriels dus à un état d’hypercoagulabilité provoqué par le VIH lui-même, étant responsable d’un déséquilibre immunitaire, de troubles de l’hémostase, et d’un état inflammatoire prolongé. Ils sont dus également aux infections opportunistes et aux effets iatrogènes des antirétroviraux. Afin d’évaluer les caractéristiques cliniques et biologiques de cette affection ainsi que la conduite thérapeutique, nous avons mené une étude rétrospective qui inclut les patients ayant présenté un accident thrombotique quelque soit le territoire avec une sérologie VIH positive en Elisa et confirmée au Western Blot, pris en charge dans le pôle d’excellence Rabat Nord entre janvier 2006 et mai 2012. Parmi les 384 dossiers inclus, 10 cas de thrombose ont été retenus soit une prévalence de 2,6%. Il s’agit de 7 femmes et de 3 hommes âgés de 39.4 + 8 ans (24-54 ans). La thrombose était de type veineux dans 7 cas, intéressant les membres inferieurs dans 4 cas, l’artère pulmonaire dans1cas, le sinus latéral gauche dans un cas, et le sinus longitudinal supérieur dans un cas. Un AVCI intéressant le territoire de l’artère sylvienne a été noté chez 2 patients, une thrombose de l’artère mésentérique et une thrombose intra-aortique étaient déctites dans 2 autres cas. A noter qu’une patiente avait de façon simultanée une thrombose de l’artère sylvienne droite et de la veine fémorale gauche. La thrombose était révélatrice de l’infection à VIH dans 7 cas. Dans les trois autres cas, le délai de survenue de la thrombose était de 4 ans en moyenne. Deux de ces patients étaient sous inhibiteurs de protéase. Tous les patients avaient une infection à VIH de type 1. Le taux moyen de CD4 était à 300 + 200/mm3, et la mesure plasmatique moyenne de charge virale était de 354 449 copies/ml. Au moment de l’accident thrombotique, un patient était au stade A, 2 au stade B et 7 au stade C de la classification CDC. Les infections assocoiées notées chez deux malades étaient la tuberculose pulmonaire et la pneumocystose. On a noté un déficit profond en PC et en PS dans 1 cas, un FOP dans un cas, une hyperhomocysteinémie sur carence en vitamine B12 dans un cas, et une patiente avait un syndrome des anti-phospholipides associé. A coté des ces anomalies, d’autres facteurs de risque classiques ont été rapportés comme l’alitement, l’immobilisation, le tabagisme et l’ATCD de TVP. Le traitement a consisté en une anticoagulation curative chez 9 cas, un antiagrégant plaquetaire dans un cas, et une trithérapie dans 8 cas. L’IP a été remplacé par un INNTI dans 1 cas. L’évolution était favorable dans 7 cas, alors que 3 patients sont décédés. Le pronostic actuel de l’infection à VIH s’est considérablement amélioré avec l’avènement de la trithérapie mais au prix de complications notamment thrombogènes. Ce problème doit attirer l’attention des cliniciens pour pouvoir prévenir et assurer une prise en charge précoce et adéquate permettant la diminution du risque thrombotique et de ses complications.