L’insuffisance rénale chronique est un problème de santé publique au Maroc. Le Maroc compte aujourd’hui plus de trente milles patients au stade terminal de l’insuffisance rénale chronique ; la prise en charge de tous ces patients est impossible au Maroc, ce qui entraîne de graves problèmes socio-économiques. L’intervention au stade préterminal de l’insuffisance rénale chronique est pleinement justifiée, elle permet de ralentir, voire stopper la progression vers le stade terminal et de conserver un bon état général jusqu’au démarrage des traitements de suppléance. L’objectif de ce travail était d’étudier les paramètres épidémiologiques, cliniques, para cliniques, thérapeutiques et évolutifs de l’insuffisance rénale chronique au stade préterminal. Ainsi que d’évaluer la stratégie de dépistage et de la prise en charge des facteurs de progression de la maladie rénale chronique et ces complications en particulier la morbidité-mortalité cardio-vasculaire ; dans le but de retarder le maximum possible le démarrage de l’épuration extrarénale. Méthodes : Analyse rétrospective des dossiers de 36 patients atteints d’insuffisance rénale chronique préterminale, qui ont été hospitalisés au service de Néphrologie CHU Hassan II Fès durant une période de 2 ans s’étalant du 01 Avril 2009 jusqu’à 31 Avril 2011. Résultats :L’incidence hospitalière globale était de 3,21 % ;avec un âge moyen de 60 ans , et une légère prédominance féminine ( 52,8 %) , les antécédents ont été dominés par l’hypertension artérielle (64%) et le diabète (42%) ,la découverte de la maladie était fortuite dans plus de 50% des cas , les manifestations cliniques ont été dominées par l’hypertension artérielle et la protéinurie dans 64 % des cas suivis de l’hématurie dans 50% des cas . L’étiologie de l’insuffisance rénale chronique préterminale était dominée par la néphropathie hypertensive (35%) et diabétique (26%), pour 29% des patients, l’étiologie est restée indéterminée. Le traitement était basé essentiellement sur le traitement de l’hypertension artérielle et la réduction de la protéinurie essentiellement par l’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) seuls dans 5,55% des cas , d’antagonistes du système rénine-angiotensine (ARA 2) seuls dans 13,8% et l’association IEC et ARA 2 dans 8,33% ; à côté des autres mesures thérapeutiques non spécifiques . L’évolution a été marquée par la survenue de l’insuffisance rénale chronique terminale dans 50% des cas, la stabilisation de la fonction rénale dans 6% des cas et l’amélioration dans 44% des cas. Au terme de ce travail , nous insistons sur l’intérêt de dépistage précoce des facteurs de progression de la maladie rénale chronique notamment l’hypertension artérielle et la protéinurie ,et l’importance de la préparation psychique et thérapeutique des patients qui vont nécessiter un traitement de suppléance afin de permettre une bonne réhabilitation et survie.