Le recours à la phytothérapie est fréquent en Afrique et notamment au Maroc. Cette pratique est transmise oralement et de manière rituelle. Les objectifs de cette étude étaient de déterminer la fréquence de patients diabétiques qui ont recours à la phytothérapie dans la région” Fès-Boulmane”, de recenser les plantes médicinales utilisées, et enfin d’identifier les raisons de l’usage. Il s’agit d’une étude prospective transversale, étalée sur une année du 1er Mai 2010 au Mai 2011, intéressant 199 patients diabétiques type 2. Le recueil des données a été fait grâce à un questionnaire comportant des éléments en rapport avec le malade (âge, sexe, le niveau d’instruction, la profession, la couverture sociale), la maladie (l’ancienneté du diabète, le traitement utilisé, l’équilibre glycémique, la présence ou non de complications), et les plantes utilisées (noms des plantes, modalités d’utilisation, raisons de leur usage et leurs effets secondaires).Tous les diabétiques type 2 suivis ou hospitalisés au service étaient inclus dans cette étude avec ou sans complications dégénératives et quelle que soit l’ancienneté du diabète. Les critères d’exclusion étaient les patients atteints du diabète type 1, du diabète secondaire et du diabète gestationnel. Les données ont été analysées par la version 17 du logiciel SPSS, les variables quantitatives ont été exprimées en moyenne et écart type, et les variables qualitatives en effectifs et pourcentages. Le travail a intéressé 199 patients, 63.3% étaient des femmes, Les extrêmes d’âge des patients oscillant de 20 à 90 ans avec une moyenne d’âge de 56 +/-10 ans, Pour le niveau d’instruction 52 % se répartissent entre une scolarisation primaire (19%), scolarisation secondaire (22%), et seulement 11 % de nos patientsavaient un niveau d’étude supérieur. 72% des patients ont un niveau socioéconomique moyen et sans couverture sociale (63.3%). La majorité des diabétiques étaient déséquilibrés (74%) avec une médiane d’HbA1c à 8.7 %, les complications macro vasculaires et micro vasculaires étaient présentes dans 72.9% des cas. Parmi les diabétiques de la population étudiée 86 patients soit 43.2% utilisent les plantes médicinales pour traiter le diabète, associées ou non au traitement prescrit par le médecin, et ceci en raison du coût bas pour 3 % de patients de l’accessibilité au traitement pour 6,4% et la croyance en leur efficacité dans 90,6% des cas. Les plantes les plus utilisées étaient le fenugrec, la sauge et l’olivier, des effets secondaires liés à l’utilisation des plantes ont été rapportés chez 14.5% des patients, mais ce sont les problèmes digestifs qui sont rapportés au premier plan, d’autres effets secondaires ont été relevés tel que les palpitations, des vertiges et des douleurs généralisées. Plus de la moitié de nos patients (52.2%) étaient déçus des résultats de l’utilisation des plantes sur leur équilibre glycémique. On comparant 2 groupes de patients, ceux qui utilisent les plantes pour le traitement du diabète et ceux qui ne le font pas, on a constaté que : – le recours à la phytothérapie était plus marqué chez les femmes (sexe ratio=1.7) cette association était statistiquement significative (p=0.004), et aussi significative chez les diabétiques déséquilibrés avec une HbA1c >7% (p=0.05). – les patients ayant des niveaux d’éducation et socio-économiques plus élevés utilisent moins les plantes, mais cette différence n’est pas significative (p=0.3, p=0.19). – on ne note pas l’existence d’une association significative entre la présence de complications dégénératives et l’utilisation des plantes (p=0.5). En se basant sur les résultats de ce travail on peut conclure que l’usage de la phytothérapie est fréquent dans l’arsenal thérapeutique antidiabétique dans la région” Fès Boulomane ‘’ Cette utilisation est étroitement liée au sexe féminin et le déséquilibre glycémique et à la croyance en son efficacité, cependant cette pratique doit s’appuyer sur les résultats d’études scientifiques, malheureusement encore trop peu nombreuses. Les conditions de leur utilisation doivent être précisées et ce d’autant plus que les utilisateurs potentiels doivent être mis en garde contre d’éventuels effets secondaires.