Introduction
L’infection par le virus de l’hépatite C (HVC) est un véritable problème de santé. Le traitement de l’hépatite chronique C (HCC) est bien codifié, se basé essentiellement sur l’association d’un interféron pégylé alpha (INF Peg) et la ribavirine. Ce traitement permet d’obtenir une guérison dans plus de 50 % des cas, mais il est à l’origine de nombreux effets secondaires notamment cutanéo-muqueux
Patients et méthodes
Notre objectif est de déterminer et analyser les différentes atteintes cutanéo-muqueuses secondaires au traitement par l’INF Peg alpha et de la ribavirine au cours des HCC, à travers une étude prospective, monocentrique, menée au service d’hépatologie en collaboration avec le service de dermatologie et de psychiatrie
Résultats
Un total de 58 patients ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen de nos patients était de 59 ans. Les femmes représentaient 62,1 %. Un antécédent pathologique était noté chez 79,3 % des cas et un antécédent dermatologique chez 12,1 %, mais aucun antécédent de vitiligo n’a été noté. La charge virale était fortement élevée chez 53,4 % des patients ; 63,8 % des patients avaient un génotype 1. La durée du traitement était fonction du génotype viral, variant de 24 à 72 semaines. Une négativation de la charge virale a été obtenue dans 86,2 % des cas
Parmi nos patients, 89,7 % ont présenté au moins une manifestation cutanée secondaire au traitement. Celle-ci était soit à type de manifestation locale au site d’injection de l’interféron (70,7 % des cas), soit à type d’atteinte généralisée (60,3 %) ou de complication infectieuse (32,8 %). Les manifestations locales étaient à type d’inflammation au site d’injection à savoir un érythème douloureux (65,6 %) ou une induration (43,4 %), avec un délai moyen de survenue d’une semaine et demi. Par contre nous n’avons pas noté de cas de vitiligo au site d’injection de l’interféron ou de panniculite. Les manifestations cutanéo-muqueuses généralisées étaient dominées par la xérose avec un prurit (80 %), l’effluvium télogène (35 %), les lésions d’eczéma (20,7 %), le vitiligo (8 %), le psoriasis (1,7 %), et les chéilites avec des érosions buccales (37 %)
Discussion
Les manifestations cutanées dues au traitement étaient très fréquentes dans notre série, elles ont été surtout observées chez les patients de plus de 60 ans, ayant une charge virale élevée et chez ceux qui avaient une durée du traitement suffisamment longue porteurs de HVC de génotype 1
Conclusion
Ces divers effets secondaires peuvent modifier considérablement la qualité de vie des patients, ceci suppose que tous les malades doivent être prévenus de ces manifestations, surtout ceux âgés et porteurs de génotype 1, pour une optimisation de la réponse au traitement. Notre étude insiste sur l’intérêt de la collaboration multidisciplinaire pour une meilleure gestion du traitement