Les maladies Inflammatoires cryptogénétiques de l’intestin sont des affections chroniques à morbidité importante incluant trois entités : la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, et les colites indéterminées. Elles sont réparties de façon inégale dans le monde. Les plus fortes incidences sont initialement décrites en Europe du Nord et aux états unis de l’Amérique. L’Afrique par ailleurs est considérée comme un continent de faible incidence. Notre étude, portant sur 325 malades atteints de maladies inflammatoires chronique de l’intestin suivis au service de la clinique médicale B, colligés sur une période de 7ans ( 2005-2011), a pour objectifs de préciser le profil épidémiologique, les caractéristiques sociodémographiques, génétiques, topographiques et phénotypiques de ces affections, ainsi que de soulever les particularités de notre population. Dans notre série la fréquence des MICI est en augmentation annuelle elle est relativement plus élevée dans la maladie de Crohn (58 %) que dans la RCH (42 %). De même, la fréquence de la maladie de Crohn augmente plus rapidement alors que celle de la RCH tend vers une stabilisation. l’âge moyen global de nos malades est de 33,7+/-11,5 ans avec des extrêmes allant de 12 à 64 ans et un pic de fréquence entre 30 et 40 ans, les malades atteints de la MC sont significativement plus jeunes (32,46+/-11,5 ans), que ceux de groupe RCH ( 35,4+/-11,4 ans ) avec un P=0,027. Le sexe féminin est prédominant dans les deux entités MC et RCH avec un sex-ratio respectivement de 1,57 et de 1,4. La quasi-totalité de nos malades est d’origine urbaine et le niveau socio économique est bas dans 67,3 %. Notre série, présente une fréquence basse de tabagisme dans la maladie de Crohn (13,7 %), avec 14,4 % de fumeurs dans la RCH, l’ATCD d’appendicectomie n’est noté que dans le groupe Crohn (6,8 %) avec un P significatif de 0,005, 3 % présentant un ATCD de tuberculose et 20 % des patientes sont sous contraception orale. Sur le plan génétique, 5,1 % des malades atteints de la MC ont un ATCD familial de MICI et 4,8 % pour ceux de la RCH. Ces malades sont caratérisés par un âge jeune de début comparativement aux groupes correspondants, la mutation NOD2/CARD15 est présente chez 13,86 % des malades suivis pour la MC. Pour ce qui est de la topographie des lésions, la localisation iléo-colique est la plus fréquente dans la maladie de Crohn (55 %), beaucoup plus chez les jeunes, alors que celle colique est caractéristiques des patients d’âge avancé. Dans la RCH les localisations distales sont prédominantes (41 ,6 %), celles coliques gauches sont d’autant plus fréquentes que l’âge augmente. Les lésions ano-périnéales (LAP) sont caractéristiques de la maladie de Crohn (34 %), les LAP type fistules simples et fissures sont par ailleurs notées chez 8,8 % des malades atteints de la RCH (P=0,000), la concordance en matière de la localisation est de 66,6 % pour ceux ayant un ATCD familial de MICI. Dans la MC les phénotypes inflammatoire, fistulisant et sténosant représentent respectivement 53,8 %, 34,2 %, et 12 % des cas et dans ces deux derniers phénotypes la localisation grêlique représente 87 %. Dans notre série, la mutation NOD2/CARD 15 est corrélée à une localisation iléo-colique de la MC, à une présentation fistulisante et sténosante ainsi qu’à une évolution plus sévère de la maladie. Au terme de ce travail les MICI ne sont pas rares dans notre contexte, notre étude a contribué à une meilleure connaissance de leurs caractéristiques épidémiologiques, topographiques, phénotypiques et génétiques. La réalisation d’un registre national de ces affections s’avère nécessaire et permettera non seulement de bien connaître les paramètres épidémiologiques mais aussi d’optimaliser leur prise en charge ultérieurement.