La pelade de l’enfant (à propos de 35 cas)

La pelade est une affection auto-immune de physiopathologie complexe et multifactorielle. Son expression clinique est simple et caractéristique, mais son évolution reste imprévisible. Diverses modalités thérapeutiques sont essayées avec prudence chez l’enfant mais leur efficacité est discutée. Le retentissement psychoaffectif complique d’avantage le profil évolutif et la prise en charge assez complexe de cette pathologie. Le but de ce travail était de déterminer le profil épidémiologique, clinique, évolutif de la pelade de l’enfant et d’évaluer l’efficacité des modalités thérapeutiques entreprises au sein du service de dermatologie du CHU Hassan II de Fès entre Janvier 2003 et Avril 2009. Cet étude rétrospective a porté sur 35 enfants : 22 garçons et 13 filles soit un sex-ratio de 1,7. L’âge moyen du début était de 7,3 ans (de 6 mois à 15 ans). 69 % des pelades ont débuté après l’âge de 5 ans. La durée d’évolution était supérieure à 1 an dans 17 cas (48,6 %). Une histoire familiale de pelade est notée dans 2 cas. L’association avec l’atopie personnelle est retrouvée dans 7 cas, 2 cas de trisomie 21, 2 cas de perturbations des anticorps anti-thyroperoxydases, 4 cas présentant une histoire familiale de diabète et un cas présentant un syndrome de malabsorption probablement dans le cadre de la maladie coeliaque. L’atteinte du cuir chevelu, présente dans 100 % des cas, était associée dans 37,14 % des cas à une atteinte des cils et/ou des sourcils. Les aspects cliniques rencontrés sont la pelade en plaque unique ou multiple dans 62.86 %, la pelade universelle dans 22.86 %, la pelade décalvante totale dans 3 cas (8.57%), la pelade ophiasique dans 2 cas. L’atteinte unguéale était marquée chez 37,14 % des cas. Le traitement était basé essentiellement sur la corticothérapie (dermocorticoïdes classe I, bolus oral et intraveineux). Au total, parmi les 10 enfants bien suivis, 4 cas ont présenté une repousse complète ou cosmétiquement acceptable au bout de 6 mois de traitement. La rechute est survenue dans 2 cas. Aucun effet secondaire nécessitant l’arrêt du traitement n’a été objectivé. La pelade de l’enfant est assez fréquente dans notre formation (0,8 % des consultations de dermatologie pédiatrique, 23,5 % du nombre total des pelades). Elle présente une légère prédominance masculine. Contrairement à d’autres séries les formes étendues sont fréquentes et représentent la moitié des cas. Les antécédents de pelade, d’atopie, d’autoimmunité, l’onychopathie, l’ancienneté et l’étendue de la maladie sont des facteurs de résistance au traitement. La corticothérapie en bolus, bien tolérée chez l’enfant, pourrait changer le cours évolutif à court terme, reste à savoir comment préserver cette efficacité. La prise en charge psychologique faisant intervenir les dermatologues, les psychologues et l’entourage proche des malades doit figurer au premier plan.