La LEISHMANIOSE viscérale atypique et grave de l’enfant (A propos de 80 cas)

La Leishmaniose viscérale infantile est une parasitose due à la multiplication dans le système réticulo-endothéliale d’un protozoaire flagellé du genre Leishmania avec l’espèce infantum dans le contexte marocain. Elle est transmise par la piqûre d’un insecte appelé phlébotome. L’objectif visé dans le cadre de cette étude est l’identification des paramètres faisant évoluer cette maladie vers ses formes atypiques et graves. Pour ce faire une étude rétrospective, sur 6 ans, a porté sur 107 patients atteints de leishmaniose viscérale dont 75% (80 patients) portant la forme atypique et grave diagnostiquées au sein du service de pédiatrie du CHU Hassan II entre janvier 2006 et décembre 2011. L’âge moyen des patients est de 2 ans et 9 mois (33 mois) avec un sex ratio de 1,1 en faveur du sexe masculin. La majorité des malades provient des régions de Taounate, Fès et Taza, avec un niveau socio-économique bas à très bas. Une analyse statistique traitant les données au Chi 2 et à l’ACM a révélé que la vitesse de sédimentation et l’évolution distinguent significativement la forme typique de l’atypique alors que les paramètres épidémiologiques n’ont aucun effet significatif sur l’évolution de la maladie vers les formes atypiques et graves. Les signes cliniques significativement corrélés à la forme atypique, se résument en une atteinte digestive s’élevant à 60%, des œdèmes intéressant les membres inférieurs ou le visage à 34%, une atteinte pulmonaire s’élevant à 26% et des formes apyrétiques avec un pourcentage de 6%. Ces signes sont pris, dans le cadre de notre étude, comme étant prédictifs de la forme atypique. D’autres signes atypiques, quoi que peu fréquents et peu corrélés, viennent en deuxième position et concernent l’atteinte neurologique (5%) et hépatique cette dernière s’exprimant par un ictère (1%).Les facteurs prédictifs de la gravité, pouvant dans certains cas menacer le pronostic vital, incluent la dénutrition (30%), l’anémie sévère < 7 (70%), la thrombopénie sévère < 50000 (32%), la neutropénie sévère < 500 (28%) et la VS < 20 mm à la 1ere heure avec un pourcentage de 16%. La prise en charge thérapeutique est basée essentiellement sur la GLUCANTIME® administrée en intramusculaire de façon progressive avec une surveillance clinique, biologique et électro-cardiographique. 2 cas de rechute ont été décrits après une 1ère cure de Glucantime. La FUNGIZONE®a été mise en route chez un seul patient après 3 cures de GLUCANTIME® suivies de rechutes. Une évolution favorable était mentionnée dans 92% des cas. On a malheureusement déploré 5 décès (7%) et on n'a pas pus suivre l'évolution d'une patiente vue sa sortie contre avis médicale.