Introduction: les sténoses trachéales sont habituellement secondaires à une intubation et/ou trachéotomie, des pathologies bénignes ou malignes sont rarement en cause. La sténose trachéale doit être évoquée chez tout patient dyspnéique ayant déjà bénéficié d’une intubation ou d’une trachéotomie. La fibroscopie bronchique reste l’examen clé pour le diagnostic
Objectif du travail: étudier l’épidémiologie des sténoses trachéales post intubation (STPI), l’évaluation et l’amélioration de la prise en charge des sténoses trachéales en général, ainsi que la prévention des STPI surtout en milieu de réanimation
Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective portant sur tous les patients ayant une sténose trachéale primaire ou secondaire, tumorale ou non tumorale, pris en charge au service de réanimation polyvalente A4 du CHU Hassan II de Fès, entre décembre 2010 et mars 2013
. Résultats: durant la période d’étude, 12 patients ont été admis pour prise en charge d’une sténose trachéale. L’âge moyen était 34 ans, avec une prédominance masculine de 58 % et un sex-ratio H/F=1.4
Les principales étiologies des sténoses trachéales dans notre série étaient : les sténoses trachéales post intubation (STPI) venant au premier rang avec 50%, suivi des sténoses d’origine tumorale 33.3%, puis les sténoses dans le cadre d’une maladie de système 16.7%
En ce qui concerne les STPI, les principales causes motivant l’intubation et/ou la trachéotomie étaient la ventilation mécanique lors des traumatismes secondaires à des AVP (66.7%), la durée moyenne de la ventilation était de 18 jours et la succession intubation-trachéotomie a été notée chez 4 patients avec un délai moyen entre les deux de 5 jours
L’intervalle libre entre intubation et/ou trachéotomie et l’apparition des signes cliniques était de 2 mois et demi en moyenne. La dyspnée représentait le principal signe révélateur (plus de 90% des cas)
Tous nos patients ont bénéficié d’une fibroscopie bronchique et d’une TDM cervico-thoracique pour évaluer le type, la forme, la localisation, le degré et la cause de la sténose, ainsi cette dernière était fibreuse dans 41.7% des cas, tumorale dans 33.3% des cas et inflammatoire dans 25 % des cas. Elle était annulaire dans 58.3% des cas, bourgeonnante dans 25% des cas et latéralisée dans 16.7% des cas. La distance moyenne entre la sténose et les cordes vocales était de 4.96 cm et Le degré moyen de la sténose était de 60.5%
Le traitement chirurgical (résection-anastomose) a été réalisé chez 9 patients dont 7 ont déjà bénéficié d’un traitement endoscopique premier
L’anesthésie pour résection anastomose trachéale nécessite une parfaite coopération entre médecin anesthésiste et l’opérateur, ainsi l’assistance ventilatoire après incision trachéale fut assurée par cathétérisme du bout distal de la trachée à travers le champ opératoire par le chirurgien à l’aide d’une sonde d’intubation adaptée liée à un jeu stérile des tuyaux du respirateur
L’extubation sur table opératoire après réveil complet et le transfert en réanimation était la règle pour tous nos patients
La kinésithérapie post opératoire précoce est un moyen important pour la lutte contre l’encombrement trachéo-bronchique
Les principales complications post opératoire étaient représentées essentiellement par 1 cas de pneumothorax et 2 cas de dysphonie. Le séjour hospitalier moyen était de 14 jours
L’évolution à moyen terme était bonne chez 8 patients, une resténose a été notée chez la patiente ayant une maladie de Wegener à localisation trachéale
Conclusion : L’intubation et la trachéotomie restent les principales causes de la sténose trachéale dans notre série. La fibroscopie bronchique est l’examen de référence. Le traitement endoscopique et chirurgical présente un grand défi pour l’anesthésiste, l’endoscopiste et le chirurgien. Les techniques d’anesthésie et de ventilation doivent être maitrisées et discutées avant l’intervention
La résection anastomose reste le traitement de référence pour les sténoses trachéales tumorales ou non. Le traitement endoscopique constitue une alternative pour toute contre-indication temporaire ou relative
Le meilleur traitement est préventif surtout en milieu de réanimation