L’hépatite virale C (HVC) constitue, par sa fréquence et son potentiel évolutif vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire, un sujet de préoccupation majeur dans le monde. Plusieurs travaux, s’appuyant sur la modélisation prévisionnelle, suggèrent une augmentation des complications liées à l’HVC dans le futur. Les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé classent le Maroc dans une zone de prévalence moyenne (1–2.5 %) pour le virus de l’hépatite C (VHC). Par ailleurs, peu de données sont disponibles sur le fardeau futur de l’hépatite C au Maroc en termes de fréquence et de complications avec toutes les implications économiques de ce problème de santé publique. L’objectif de notre travail était d’estimer la morbidité et la mortalité futures liées à l’HVC au Maroc.
Méthodes : Il s’agit d’une modélisation mathématique prévisionnelle des complications de l’infection virale C au Maroc basée sur le modèle de Markov adapté à l’histoire naturelle de l’infection par le VHC. C’est une simulation de cohorte de sujets marocains infectés par le VHC sur une période de 30 ans.
Résultats : Sur la base d’une estimation selon laquelle 318950 à 797375 personnes seraient actuellement infectées par le VHC au Maroc, la modélisation mathématique a démontré que le pic de fréquence de la cirrhose serait atteint en 2025 avec un nombre total de cirrhotiques se situant entre 95000 et 238000, marquant ainsi une hausse de 206 % entre 2010 et 2025. On a également projeté que le nombre de cirrhoses décompensées et de carcinomes hépatocellulaires atteindraient leurs pics respectifs en 2035 et en 2025. Le nombre de décès liés à l’HVC devrait augmenter jusqu’en 2040.Conclusion : Le fardeau de l’HVC en termes de morbidité et de mortalité parait être à la hausse dans les années à venir. Ces résultats, qui peuvent être la base de nouvelles évaluations au Maroc, interpellent les décideurs de santé publique pour une prise de conscience vis-à-vis de cette épidémie silencieuse.