Les hémorragies digestives basses correspondent à des lésions situées en aval de l’angle de Treitz : au niveau de l’intestin grêle, du côlon, du rectum ou de l’anus. Le but de notre travail est d’étudier les aspects épidémiologiques, cliniques, para-cliniques et étiologiques des rectorragies chez l’enfant ; de montrer l’apport de l’endoscopie digestive en matière du diagnostic étiologique et du traitement de certaines causes, notamment les polypes rectocoliques et de discuter les dernières données de la littérature concernant les hémorragies digestives basses chez l’enfant. Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive et analytique, réalisée au service de pédiatrie du centre hospitalier universitaire Hassan II de Fès. Sur une période de 5ans, allant de janvier 2006 à décembre 2010, 68 enfants ont été explorés pour rectorragies dont 03 nourrissons, 29 enfants de 2 à 7ans et 36 enfants de 7 à 15 ans. Nous avons inclus 47 garçons et 21 filles. L’âge de nos malades variait de 4 mois à 15 ans avec une moyenne de 7,1ans. La durée d’évolution des rectorragies chez ces patients était variable entre trois jours et 8 ans avec une moyenne de 11mois. Dans la majorité des cas, le saignement était de faible abondance (65 cas) et mêlé aux selles (46 cas). La douleur abdominale était le signe clinique associé le plus fréquent (14 cas), une diarrhée était présente chez 12 patients, une constipation chez 6 patients, une fièvre chez 7 patients, un retard staturo-pondéral chez 6 patients, une pâleur cutanéo-muqueuse et des arthralgies chez 3 patients. L’examen proctologique a objectivé la présence d’une fissure anale dans 6 cas, d’une masse rectale dans 5 cas et d’un polype accouché par l’anus dans deux cas. Biologiquement ; une anémie était notée chez 15 malades, la coproculture et la parasitologie des selles ont été pathologiques chez 5 malades, le bilan inflammatoire était positif chez 6 malades, ainsi que les ANCA chez deux malades et les ASCA chez un autre. La coloscopie a permis de mettre en évidence la présence de polypes chez 30 malades, un aspect évocateur d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin chez 5 patients, d’une colite infectieuse dans un cas et d’une muqueuse inflammatoire d’étiologies imprécises chez 5 autres. Au terme des différentes investigations, un diagnostic étiologique a pu être établi dans 78% des cas ; il s’agissait d’un polype dans 30 cas, d’une origine infectieuse dans 12 cas, d’une fissure anale dans 6 cas, d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin dans 5 cas et d’une allergie aux protéines de lait de vache dans un cas. La fréquence des polypes était nettement plus élevée chez les enfants âgés entre 2 et 7ans par rapport aux enfants ayant plus de 7ans (62,1% versus 33,3%), tandis que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin étaient significativement plus fréquentes après 7ans. Les causes infectieuses et l’allergie aux protéines de lait de vache étaient plus fréquentes chez les nourrissons avec une différence statistiquement significative (p=0,006 et p=0,009 respectivement). Alors que la fréquence des fissures anales n’a pas varié significativement avec l’âge. Une hospitalisation a été indiquée chez 7 malades et une transfusion chez un seul enfant, une polypectomie endoscopique a eu lieu chez 28 patients et une ablation chirurgicale de polypes chez deux autres, un traitement médical était de mise dans 25 cas (des antibiotiques dans 14 cas, des corticoïdes avec des acides 5-amino-salicyliques (5ASA) dans 5 cas et des immunosuppresseurs dans 4 cas de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, un traitement de fissure dans 6 cas. L’évolution était marquée par la survenue d’une récidive hémorragique dans 4 cas (6%), par ailleurs elle était favorable dans les autres cas. Actuellement, les progrès de l’endoscopie pédiatrique ont permis une identification plus précise de l’origine du saignement, et ont réduit de moins en moins le recours à la chirurgie. Au terme de cette étude d’autres travaux et efforts nous paraissent indispensables, notamment : • La réalisation d’études prospectives permettant un bon suivi à court et à long terme des malades ayant présenté une hémorragie digestive basse. • L’intégration d’avantage de l’entéro-IRM comme examen très sensible dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et le développement de nouvelles techniques d’exploration notamment la vidéo-capsule qui a un grand apport dans le diagnostic du diverticule de Meckel.