Estimation du risque cardiovasculaire chez le personnel de l’hopital regional mohammed v de meknes (A propos de 512 cas)

Introduction Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde. L’estimation du risque cardiovasculaire constitue la première étape pour la prévention primaire des maladies cardiovasculaires. Au Maroc, peu de données existent sur l’estimation du risque cardiovasculaire en population générale et chez des populations spécifiques comme le personnel de santé. Cette population qui est censée être la mieux informée sur les facteurs de risque cardiovasculaire et sur les moyens de prévention. Objectif L’objectif principal de notre travail est d’estimer le risque de survenue d’événements cardiovasculaires (mortels ou non) dans les 5 années à venir, chez le personnel de santé de l’hôpital Mohamed V de Meknès et d’étudier les facteurs associés à ce risque. Méthodologie Il s’agit d’une étude transversale réalisée par l’administration d’un questionnaire et la prise de mesures anthropométriques, durant la période du 25 Août au 29 Septembre 2010 auprès du personnel de l’hôpital régional Mohamed V de Meknès. L’estimation du risque cardiovasculaire était basée sur la méthode développée par la « National Health and Nutrition Examination Survey » (NHANES) et qui repose sur des données de l’examen clinique et de l’interrogatoire (âge, sexe, BMI, la tension artérielle systolique, tabagisme et diabète) sans prendre en compte les données biologiques. Résultats Notre population était constituée de 512 personnes exerçantes à l’hôpital régional Mohamed V de Meknès dont 61,7% étaient des personnels soignant (Médicaux et paramédicaux). Dans notre population d’étude, 32% avaient un risque cardiovasculaire faible moins de 5%, 33,6% avaient un risque faible de 5 à 10%, 25,7% avaient un risque modéré de 11 à 20%, 6,7% avaient un risque élevé de 21 à 30% et 2% avaient un risque élevé supérieur à 30%. Notre étude a montré une association statistiquement significative entre le risque cardiovasculaire et certains facteurs. En effet, le risque cardiovasculaire augmentait proportionnellement avec l’âge (p<10-4), avec le revenu du ménage (p<10-4), chez les hommes (p<10-4), chez les fumeurs (p<10-4), chez les consommateurs d'alcool(P<10-4), chez les sujet obèse ou en surpoids (P<10-4), chez les hommes avec une obésité abdominal (p=0,03) et chez les sujets hypertendus (P<10-4). La fréquence des personnes mesurant régulièrement la tension artérielle augmentait proportionnellement avec le risque cardiovasculaire (p<10-4). La fréquence des sujets avec des antécédents familiaux d'hypertension artérielle était inversement proportionnelle au risque cardiovasculaire (p<10-2). Notre étude a montré aussi une association statistiquement significative entre le risque cardiovasculaire et la réalisation d'un bilan biologique. En effet, le risque cardiovasculaire augmentait proportionnellement chez les sujets faisant un suivi biologique régulier (p<10-4), chez les personnes ayant réalisé une glycémie à jeun au cours des 6 derniers mois (p<10-3), chez les personnes ayant réalisé une mesure des triglycérides au cours des 6 derniers mois (p=0,02). Le risque cardiovasculaire était plus élevé chez les sujets n'ayant pas réalisé de mesure de HDL ou de LDLcholestérol sanguin au cours des 6 derniers mois (p=0,01).Conclusion Notre étude montre l'importance de mettre en place auprès des personnels des hôpitaux un programme d'information, de communication et d'éducation sur : le risque cardiovasculaire, les comportements et les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Ces programmes inciteront cette population à adopter un mode de vie sain avec un changement des habitudes de vie (une modification du comportement alimentaire, une pratique régulière d'une activité physique, une maîtrise du poids, un sevrage tabagique, et une réduction de la consommation d'alcool). Ils viseront également à établir des visites médicales régulières pour évaluer le niveau de risque individuel et ordonner éventuellement un traitement médical dans un but de prévention primaire. De même, il apparait aussi utile d'établir une formation médicale sur le risque cardiovasculaire, les facteurs de risque et les moyens de prévention.