L’invagination intestinale aigue du nourrisson se définit par la pénétration d’un segment intestinal d’amont avec son méso dans le segment situé en aval. C’est la plus classique des urgences abdominales chez le nourrisson. Pour préciser le profil de l’IIA aux urgences chirurgicales pédiatriques de l’hôpital d’enfant Rabat-Salé et apprécier son pronostic, ainsi que mettre en évidence le retard du diagnostic, nous avons mené une étude rétrospective au service des UCP du CHU Rabat-Salé portant sur 40 cas colligés durant l’année 2010. On peut absolument expliquer le retard du diagnostic par plusieurs facteurs notamment : l’ignorance des parents ne se présentant au CHU que trop tard en plus de la méconnaissance de l’affection par les structures sanitaires. Ce retard diagnostique est à l’origine d’une morbidité et une mortalité inacceptable pour une pathologie bénigne lorsqu’elle est diagnostiquée précocement. Le diagnostic a été évoqué sur les symptômes cliniques dominés par les douleurs abdominales (90%), les vomissements (80 %) et les rectorragies (62,5 %). Le boudin d’invagination a été perçu cliniquement par la palpation abdominale dans 40 % des cas et au toucher rectal chez 12 ,5 % des cas. Les moyens diagnostiques utilisés dans notre série comportent: La radiographie d’abdomen sans préparation réalisée chez tous les patients. L’échographie, l’examen clé qui a confirmé le diagnostic chez 37 patients. Le lavement à visée diagnostique n’a été pratiqué chez aucun malade. 23 patients dans notre étude ont bénéficié de réduction non chirurgicale avec un taux de succès de 27,5 %. La réduction pneumatique est une technique propre, rapide, peu onéreuse, offre des résultats satisfaisants avec moins de complications et des suites très favorables, mais le manque du matériel nécessaire pour réaliser cette méthode thérapeutique constitue la seule limite de son utilisation dans notre service. La chirurgie –qu’elle soit indiquée d’emblée ou secondairement- a Consisté en une désinvagination manuelle chez 8 cas (20 %), et en une résection-anastomose chez 12 cas (17 ,5 %). En peropératoire, nous avons constaté la prédominance de l’invagination iléocaeco-colique (53 %) L’évolution post-opératoire était favorable dans 71,2 % des cas. La morbidité était de 10 %, et la mortalité était de 2,5 %. La gravité évolutive potentielle de l’IIA du nourrisson fait qu’il faut avoir le réflexe de toujours y penser, et ce, malgré les aspects variés de cette affection. Par conséquent, nous concluons que le diagnostic rapide et la prise en charge urgente sont les facteurs déterminants du pronostic de l’IIA qui doit rester une affection bénigne, ce qui impose de déployer des efforts de sensibilisation auprès des professionnels de la santé, ainsi que l’amélioration de l’infrastructure en matière d’investigation et de réanimation infantile.