Le diagnostic clinique et biologique des leucémies aigues (A propos de 53 cas)

Les leucémies aiguës (LA) constituent un groupe hétérogène de pathologies qui sont dues à la prolifération clonale de précurseurs hématopoïétiques immatures. La principale conséquence de cette prolifération est l’installation d’un tableau d’insuffisance médullaire associant une neutropénie fébrile, un syndrome anémique et un syndrome hémorragique. L’objectif de ce travail est de décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et biologiques des cas de leucémie aigue diagnostiqués au sein du laboratoire d’hématologie du CHU Hassan II de Fès. Ce travail est une étude rétrospective de 53 cas de LA de tout âge confondu diagnostiqués au laboratoire d’hématologie du CHU Hassan II de Fès durant une période de 2 ans, allant de Janvier-2009 à Décembre-2010. Le diagnostic a été établi après une analyse des données cliniques mentionnées sur les fiches d’envoi adressées avec les prélèvements au laboratoire, un examen morphologique des frottis sanguins des patients, ainsi qu’une étude du médullogramme coloré au May-Grunwald-Giemsa et à la myéloperoxydase. Cet examen a été complété au besoin par la coloration cytochimique des estérases. Nous avons précisé, pour chaque malade, l’âge, le sexe, l’origine, les antécédents ainsi que les données cliniques et biologiques. Nous nous sommes basés sur la classification FAB par manque de données immunophénotypique et cytogénétique. Durant cette période, les LA ont représenté 33 % de l’ensemble des pathologies malignes diagnostiquées au laboratoire, dont 28% lymphoïdes, 61% myéloïdes, et 11% d’origine non précisée, tout âge confondu. 7 % des cas leucémies aigues étaient secondaires et 93 % étaient de novo. 54 ,7% de nos patients étaient des adultes et 45,3 % étaient des enfants. La plupart des cas diagnostiqués dans notre laboratoire proviennent des villes du centre dont 45% originaires de Fès. L’âge était compris entre 1 mois et 76 ans, l’âge moyen était de 28,4 ans. Le sexe masculin était prédominant avec un sex-ratio de 1,4. Les syndromes anémique, hémorragique et infectieux ont été notés respectivement dans 92%, 53%, 72% des cas. Le syndrome tumoral a été retrouvé dans 91,7% des cas. Il y’a eu 7.5% d’atteinte osseuse, 1,9% d’atteinte testiculaire, 1,9 % d’atteinte cutanée et 1,9% d’atteinte méningée. Les examens biologiques ont objectivé une hyperleucocytose supérieure à 50000/mm3 dans 34% des cas et une leucopénie dans 19% des cas. Le taux d’hémoglobine a été inférieur à 10g/dl dans 96% des cas. La présence de blastes circulants a été notée dans 71% des cas. Le profil épidémiologique des LA était comparable à celui rapporté dans la littérature avec quelques différences avec la série de Casablanca; ceci devrait être due au faible effectif de notre étude. Seulement 11% de nos patients avaient bénéficié d’un immunophénotypage et 6 % d’une étude cytogénétique, le manque de résultats nous a empêchés de nous baser sur la nouvelle classification OMS 2008 et nous étions contraints d’utiliser la classification Franco-Américano-britannique qui est purement cytologique. L’installation récente d’une unité d’immunophénotypage au sein du laboratoire d’hématologie permettra une étude plus précise des cas de leucémie aigue, mais nous ne disposons toujours pas de moyens pour réaliser une étude cytogénétique dans la région de Fès. Mots clés : Leucémie aigue, adulte, enfant, classification FAB.