Hypertension portale et grossesse (à propos de 5 obsérvations)

La survenue d’une grossesse chez une femme présentant une HTP est redoutable du fait de la possibilité d’aggravation materno-fœtale. Le pronostic de cette grossesse est assez péjoratif. Le caractère de grossesse à haut risque est affirmé par la fréquence des hémorragies digestives, des avortements spontanés et des accouchements prématurés. La symptomatologie clinique est souvent dominée par les complications, et ce sont l’échographie et l’endoscopie qui permettent de confirmer le diagnostic et de rechercher les complications. La prise en charge des grossesses chez les femmes atteintes d’HTP doit débuter avant la conception jusqu’au post-partum. Elle requiert une étroite collaboration entre obstétriciens, gastroentérologues, anesthésistes-réanimateurs et néonatologues. Lors des visites préconceptionnelles, il est nécessaire d’évaluer la sévérité de l’atteinte hépatique et d’encourager une contraception efficace jusqu’à ce que la maladie soit stable et la conception soit désirée. Au cours de la grossesse, en plus de la surveillance clinique et biologique, un examen endoscopique devrait être effectué au moins une fois par trimestre à la recherche de varices œsophagiennes(VO). Leur ligature endoscopique parait être le moyen le plus efficace et le moins traumatique dans la maîtrise de l’hémorragie digestive. La prévention primaire de la rupture des VO par les β-bloquants peut être utilisée au cours de la grossesse. L’accouchement par voie naturelle est de règle sous réserve d’une étroite surveillance. La césarienne doit garder des indications purement obstétricales, et l’intervention se fait généralement sous anesthésie générale. L’interruption de la grossesse doit être l’ultime recours en cas de complications.
Notre étude porte sur cinq cas d’hypertension portale associée à la grossesse, colligés au service de gynécologie-obstétrique et au service de réanimation du centre hospitalier universitaire HASSAN II de Fès, sur une période de 6 ans depuis Janvier 2003, jusqu’à décembre 2008. A la lumière de ces cinq observations, nous discutons essentiellement, les particularités physiopathologiques, les aspects évolutifs, et les difficultés de la prise en charge de ces grossesses à risque.
Les résultats sont comme suit : L’âge des patientes est compris entre 21 ans et 36 ans, avec un âge moyen de 28 ans ½. La cause de l’HTP la plus retrouvée est la cirrhose, chez quatre patientes. Les signes cliniques sont dominés par une splénomégalie. Les signes biologiques sont dominés par l’anémie et les signes
d’insuffisance hépatocellulaire. L’échographie abdominale a objectivé un foie hétérogène dans trois cas. La fibroscopie œso-gastro-duodénale a montré des varices œsophagiennes stade III chez deux patientes. Les complications hémorragiques sont survenues chez une patiente. Les complications maternelles sont dominées par l’ictère et l’ascite alors que les complications fœtales sont dominées par la mort fœtale in utéro et la mortalité néonatale. Les grossesses n’étaient pas suivies et la consultation de quatre patientes étaient tardive (32-34SA). L’extraction fœtale était réalisée par césarienne chez quatre patientes. L’intervention était pratiquée sous anesthésie générale. Une extraction fœtale par voie basse était réalisée chez une parturiente. Les suites de couche étaient simples chez trois patientes, compliquée par une infection du liquide d’ascite chez une patiente, et par un décès maternel chez une autre.