Anémie hémolytique au cours de la leucémie lymphoïde chronique : un facteur réel de mauvais pronostic

Introduction

La leucémie lymphoïde chronique est une hémopathie maligne caractérisée par l’expansion clonale de lymphocytes de phénotype le plus souvent B et de morphologie normale. Le diagnostic est évoqué sur l’hémogramme et la lymphocytose excessive qu’il montre. Il est confirmé par l’immunophénotype, l’anémie hémolytique au cours de la leucémie lymphoïde chronique est une situation clinique peu fréquente

Patients et méthodes

Nous avons mené une étude rétrospective, de type descriptive et analytique, portant sur des patients pris en charge pour une leucémie lymphoïde chronique au service de médecine interne de CHU Hassan-II de Fès sur une durée de trois ans, depuis janvier 2013 jusqu’au décembre 2015. Le but de notre travail est de préciser la fréquence de l’anémie hémolytique dans notre échantillon et de décrire sa valeur pronostique

Résultats

Nous avons colligé 62 cas de leucémie lymphoïde chronique, avec une prédominance masculine (58 %), l’âge moyen au moment du diagnostic est de 62,9 ans (+/-12,75), avec des extrêmes d’âge de 41 à 88 ans. Les circonstances de découverte étaient dominées par la découverte d’une adénopathie chez 74 % des cas, la présence d’un syndrome anémique ou hémorragique chez 3,2 % et 6,4 % respectivement, alors que la découverte était fortuite chez 21,7 % lors d’un bilan systématique. Sur le plan biologique, une anémie (hémoglobine inférieure à 10 g/dL) était présente chez 46 % des cas, l’anémie était hémolytique chez 11 % des cas, avec une hémoglobine entre 5 et 8 g/dL, et un volume globulaire moyen entre 95 et 120 μm3, elle était très régénérative avec un bilan d’hémolyse positif (une haptoglobine effondrée, une bilirubine augmentée à prédominance indirecte et des LDH augmentés), le test de Coombs globulaire était positif dans tous les cas, l’anémie hémolytique était associée à une thrombopénie profonde chez la moitié des cas. Sur le plan thérapeutique, les patients ont reçu une corticothérapie à forte dose (1 mg/kg/jour), avec une bonne réponse à 4 semaines chez 6 malades, et la nécessité de passage au rituximab chez une seule patiente, une fois le taux d’hémoglobine est arrivé à 10 g/dL, une polychimiothérapie a été administré chez les patients. En analysant nos résultats, nous avons comparé deux sous-groupes, selon la présence ou non d’anémie hémolytique, et nous avons trouvé une relation significative entre la présence d’une anémie hémolytique et le décès, on peut donc considérer donc la présence d’une anémie hémolytique au cours de la leucémie lymphoïde chronique comme un facteur de mauvais pronostic, bien que notre échantillon reste minime

Conclusion

La présence d’une anémie hémolytique au cours de la leucémie lymphoïde chronique n’est pas heureusement une situation fréquente, et limite les thérapeutiques utilisées au cours de cette hémopathie maligne, et peut être considérée comme un facteur de mauvais pronostic selon notre échantillon