Les inégalités dues au genre touchent-elles l’hémodialyse chronique au Maroc ?

Introduction

Les inégalités sociales créées par des discriminations entre l’homme et la femme se ressentent-elles dans l’accès au traitement de suppléance rénale par hémodialyse ?

Au-delà des pourcentages respectifs d’hommes et de femmes dans les centres d’hémodialyse, notre travail compare leurs modalités de prise en charge

Matériels et méthodes

Il s’agit d’une analyse « post-hoc » de l’étude transversale ARTEMIS portant sur l’ensemble des patients hémodialysés chroniques des 39 centres d’hémodialyse publics et privés de quatre régions du Maroc

Résultats

Au total 2066 patients ont été retenus avec un âge moyen de 52,95 +/- 15,52 ans (4 à 90 ans) et un sex-ratio H/F de 1,17. Le secteur privé était le plus fréquenté avec 54,7 %. Quatre-vingt-deux pour cent des patients étaient sans profession et 58,1 % n’avaient pas de couverture sociale

Concernant le nombre de séances par semaine, 54,31 % des femmes étaient dialysées deux fois par semaine et 45,36 % trois fois par semaine versus respectivement 45 % et 54,8 % pour les hommes (p < 0,01). De plus, 0,33 % des femmes et 0,2 % des hommes étaient dialysés une seule fois par semaineDiscussionL'analyse univariée a mis en évidence un lien entre le sexe masculin et certains facteurs dont l'âge avancé (p = 0,014), la couverture sociale (p < 0,001), le niveau d'instruction (p < 0,001), le diabète de types I et II (p = 0,001), le tabagisme (p < 0,001), la consommation d'alcool (p < 0,001), la prise de toxiques (p = 0,001), et la dialyse trois fois par semaine (p < 0,001)ConclusionAu terme de notre étude, il ressort que le recours à l'hémodialyse chez l'homme est plus fréquent que chez la femme. Celle-ci est également plus souvent sous-dialysée. Au-delà des privilèges qu'un homme peut avoir dans la société marocaine tels le niveau d'éducation et l'occupation, le style de vie (alcool, tabac, toxiques) semble être déterminant