Confrontation anatomo-clinique des dermatites granulomateuses (A propos de 72 cas)

Les dermatoses granulomateuses sont des affections cutanées fréquentes d’étiologies multiples, représentées essentiellement par la tuberculose et la sarcoïdose.
L’examen anatomopathologique reste la méthode clé du diagnostic positif, cependant le diagnostic étiologique constitue, le plus souvent, un défi pour les pathologistes.
Il y’a un manque de données chez la population marocaine atteinte de cette maladie. Ce qui nous a incité à effectuer cette étude rétrospective des patients atteints de dermatites granulomateuses confirmée par l’histologie, recrutés au service de dermatologie du CHU du Fès entre janvier 2009 et Janvier 2016.
72 patients avec une nette prédominance féminine (73.6%), sexe ratio H/F = 1/2,78, ont été colligés. Le nombre de cas incidents annuellement des dermatites granulomateuses était estimé à 9.25 cas/an. L’âge moyen était de 38.5 ans (âges extrêmes 9 et 75 ans). Il existait un pic de fréquence entre 20-40 ans. L’atteinte infantile était de 4.17 % (âges extrêmes 9 et 15 ans).
Les lésions dermatologiques retrouvées dans notre série étaient les nodules chez 29 cas (40.3%), les papules chez 28 cas (38.9%), les gommes ont été retrouvées chez 8 cas (11.1%) et les ulcérations chez 7 cas (9.7%).
Les lésions cutanées prédominent au niveau des membres chez 32 cas (44.4%), une atteinte du visage a été notée dans 27 cas (37.5%), celle du tronc a été
retrouvée dans 12 cas (16.7%) et celle des organes génitaux dans 1 cas.
L’atteinte muqueuse était retrouvée dans 9.7 %, l’atteinte du cuir chevelu a été retrouvée chez 2 patients soit 2.7%.Aucun cas d’atteinte unguéale n’a été retrouvé dans notre série. L’étiologie la plus fréquente était la tuberculose et la sarcoïdose cutanées qui ont étaient retrouvées chez 31.9% des cas chacune, suivi de la leishmaniose (12.5%).
L’érythème induré de Bazin a représenté 9.7% des cas, l’érythème noueux 5.6 %, 2 cas respectivement de réaction à corps étranger et de rosacée granulomateuse (2.8%) et un cas de granulome annulaire (1.4%) et de mycoses profondes 1.4%.
Dans la sarcoïdose, les granulomes étaient dermiques, siégeant dans 43.5% des cas au niveau du derme superficiel. Ils étaient prédominés par les granulomes épithélioïdes bien limités et non confluents dans 86.95% des cas (p<0,05), et entourés par une couronne lymphocytaires dans 92,3% des cas(p<0,001). Ce qui est concordant avec la littérature. Le granulome épithélioïde pur a été observé aussi dans 77.79 % des cas de leishmaniose, et dans les deux cas du granulome à corps étranger et annulaire inclus. 80.6 % des granulomes étaient épithélioïdes et gigantocellulaires, observés dans tous les cas de tuberculose, d'érythème induré de Bazin, de la rosacée granulomateuse et de l'érythème noueux. Les autres éléments inflammatoires étaient dominés par les cellules histiocytaires et plasmocytaires dans la leishmaniose, et par les polynucléaires neutrophiles dans l'érythème induré de Bazin et l'érythème noueux (p : 0,03), ce qui est concordait avec la littérature. La nécrose n'était présente que dans 34.7 % des cas, dominée par la nécrose caséeuse dans 84 % des cas, observée dans 93,3% des cas de tuberculose (p=0,009). Les modifications épidermiques sont rencontrées dans tous les cas de leishmaniose et de rosacée, et dans 46,9 % de tuberculose. Elles sont beaucoup plus rares dans les autres étiologies (p : 0,03).

Référence985
Année2016
TypeThèse
Lien document
AuteurEl filali el kamouni O
DisciplineLaboratoire
EncadrantHarmouch T